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Côte d’Ivoire : lettre ouverte à Madame Françoise Le Guennou-Remarck, Ministre de la Culture et de la Francophonie

IvoirInter24 18 Fév 2024 - 14H05
Madame Françoise Le Guennou-Remarck, Ministre de la Culture et de la Francophonie

Par Soumahoro Alfa Yaya. Journaliste-Ecrivain ivoirien. Membre du Bureau Ivoirien du Droit d’Auteur (BURIDA). N° matricule : 9323.

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De la nécessité de la mise en place ou de la dynamisation d’un fonds d’aide à la création littéraire, de l’édition et de l’impression du livre en Côte d’ivoire.

Comparaison n’est pas raison, au Sénégal, le Fonds du Livre est de plus d’un milliard de Francs CFA ;

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Madame la Ministre,

Je voudrais à l’avance vous présenter mes déférentes excuses quant à l’emploi pêle-mêle des pronoms personnels ‘’Je et nous’’ ; cela n’entame en rien la compréhension de cette missive ministérielle.

En France, le pays précurseur de la Francophonie, ‘’on se nourrit de pain et de livres’’ ; le livre fait partie de l’ADN culturel de ce pays.

La Côte d'Ivoire n’a pas à en pâlir outre mesure tant notre beau pays fait partie des nations qui tiennent le flambeau des belles lettres écrites au fronton du continent africain.

La Côte d’Ivoire a engendré de belles fleurs littéraires pré et post coloniales à l’instar des Bernard Dadié, Gérard Aké Loba, Ahmadou Kourouma, Véronique Tadjo, Amadou Koné, Camara Nangala, Fatou Keïta , Tiburce Koffi, Serge Bilé…

Elle compte à juste titre, ses illustres Grands Prix Littéraires d’Afrique Noire :

Aké Loba 1961: Aké Loba (Côte d'Ivoire), Kocumbo, l'étudiant noir.

1981 : Jean-Marie Adiaffi (Côte d'Ivoire), La Carte d'identité.

1990 : Ahmadou Kourouma (Côte d'Ivoire), Monnè, outrages et défis.

1993 : Maurice Bandaman (Côte d'Ivoire), Le Fils de la femme mâle.

2005 : Véronique Tadjo (Côte d'Ivoire), Reine Pokou.

2012 : Venance Konan (Côte d'Ivoire), Edem Kodjo: un homme, un destin.

Il serait fastidieux de citer ici toutes ces belles plumes ivoiriennes, au risque d’en oublier, car tout choix est d’office contestable ; et je m’en n'excuse à l’avance.

Toutefois, on ne peut passer sous silence les plumes sorties du boisseau de la jeune génération d’écrivains à l’instar de Josué Guébo, Macaire Etty , et les écrivains Ivoiriens prolixes comme feu Isaïe Biton Coulibaly et Anzata Ouattara…

Vu ce flamboyant tableau littéraire à l’eau orange-blanc-vert, force est de constater que les jeunes générations qui ne manquent pas de talents, peinent hélas à se faire éditer.

C’est un secret de polichinelle que d’entendre dire à tort ou à raison qu’en Afrique, singulièrement en Côte d'Ivoire ‘’ on ne lit pas’’.

Malgré cette assertion, des Ivoiriens talentueux continuent vaille que vaille à produire des ‘’fruit-arc-en-ciels’’ issus de leurs plus belles plumes dans un environnement économique somme toute morose où, à part les livres scolaires, les invendus s’accumulent, les stocks constituent des montagnes de livres cadavériques enfouis dans les tréfonds des entrepôts ; des entrepôts au demeurant, devenus de véritables cimetières du livre.

Et pourtant les filles et fils de la Côte d'Ivoire continuent de graver à lettres d’or les plus belles pages de sa production livresque de belle facture !

Cependant, je souhaiterais attirer votre attention sur une question cruciale qui touche notre communauté littéraire et éditoriale : l'accès aux ressources financières pour les auteurs, les éditeurs et les acteurs de la chaîne du livre en Côte d'Ivoire. Il est de notoriété publique que le monde de l'édition, de la littérature est confronté à des défis financiers considérables, qui entravent la création, l'édition et la promotion de nos œuvres littéraires. Cela limite notre capacité à raconter nos histoires, à faire rayonner notre culture et à participer activement au ‘’Rendez-Vous du Donner et du Recevoir’’ à l’échelle nationale, continentale et internationale.

Ainsi, nous auteurs ivoiriens sollicitons votre soutien pour deux initiatives essentielles qui pourraient avoir un impact significatif sur le développement de la littérature et de l'édition en Côte d'Ivoire.

Cela pourrait se traduire par la vulgarisation du Fonds d'aide à la Création Littéraire et à la Promotion du livre ; si cela n’est déjà fait. La Côte d’ivoire à travers le Ministère de la Culture de de la Francophonie que vous avez l’honneur de diriger, pourrait s’inspirer du Centre National du Livre en France premier soutien du livre et de la lecture dans ce pays.

Le CNL a pour ‘’mission d’encourager la création et la diffusion d’ouvrages de qualité à travers de nombreux dispositifs d’aide aux acteurs de la chaîne du livre (auteurs, éditeurs, libraires, bibliothèques, organisateurs de manifestations littéraires) et de favoriser le développement de la lecture, auprès de tous les publics’’.

Comparaison n’est certes pas raison, au Sénégal, ‘’Le fonds d'une valeur de 600 millions de francs CFA,(aujourd’hui presqu’un milliard de Francs CFA) créé depuis 2004 et opérationnel en 2009, prévoit outre la production littéraire, la promotion des œuvres publiées et des auteurs, le renforcement des capacités des écrivains à travers des résidences d'écriture et la décentralisation des activités littéraires’’.

Nous vous encourageons vivement à entreprendre des efforts pour rendre ces fonds plus accessibles et transparents, en informant largement la communauté littéraire et éditoriale sur leur existence, leurs modalités d'accès, et les délais de soumission.

Au demeurant, nous convenons que “La lecture apporte à l'homme plénitude, le discours assurance et l'écriture exactitude.’’

(Francis Bacon).

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