Jeux de la Francophonie 2017: trois défis pour la Côte d’Ivoire
Les 8e Jeux de la Francophonie se déroulent du 21 au 30 juillet 2017 à
Abidjan. Trois défis attendent la capitale économique ivoirienne à cette
occasion : calmer la grogne des forces de sécurité locales, faire mieux que les
Jeux de 2013 à Nice et envoyer ainsi un signal positif avant la Coupe d’Afrique
des nations 2021 prévue en Côte d’Ivoire.
Trente ans après leur naissance, les Jeux de la Francophonie effectuent
un quatrième passage en Afrique. Après Rabat/Casablanca en 1989, Antananarivo
en 1997 et Niamey en 2005, c’est en effet au tour d’Abidjan d’accueillir du 21
au 30 juillet cette grande manifestation sportive et culturelle qui rassemble
une grande partie des 84 pays liés à l’Organisation internationale de la
Francophonie (OIF).
« Cette édition 2017 va être fortement marquante, a assuré Mahaman-Lawan
Seriba, le directeur général du Comité international des Jeux de la
Francophonie (CIJF), lors d’une conférence de presse. Les autorités ivoiriennes
sont parvenues à mobiliser toute une capitale (sic) pour faire ces Jeux. C’est
vraiment un gros effort. »
L'emblématique stade Félix Houphouët-Boigny a ainsi été rénové, tout
comme le Palais des Sports de Treichville. D’autres infrastructures sont
sorties de terre, comme le village des athlètes ou une salle polyvalente de 2
500 places. Enfin, un accent particulier a été mis sur la communication des
Jeux, via les réseaux sociaux notamment.
Faire mieux que Nice 2013
Ces mini-Jeux olympiques sont pourtant tout sauf simples à organiser. Les
moyens humains et financiers (environ 11 millions d’euros pour Abidjan, selon
la presse locale) alloués ne sont pas ceux – démesurés – des JO. Nice, en 2013,
en avait fait l’expérience. La ville française avait organisé une édition
décriée par des athlètes mécontents de l’accueil et de l’organisation,
notamment.
Pour le CIJF et pour son émanation locale, le Comité national des Jeux de
la Francophonie (CNJF), il s’agit donc évidemment de faire mieux. « Tous ceux
qui étaient à Nice ont pu constater les difficultés liées au fait qu’il y avait
plusieurs sites de compétition et plusieurs lieux d’hébergement, a souligné Mahaman-Lawan
Seriba. Là, nous avons misé sur une unité de lieux. […] Notre plus grosse
attente est que ces Jeux soient populaires. »
Il ajoute : « Après Niamey, Abidjan est la ville qui a construit le plus
d’infrastructures de très grandes factures (en vue des Jeux). Jamais la
Francophonie n’a été autant honorée en infrastructures sportives et
culturelles. »
Un bon test en vue de la CAN 2021
de football
Ces Jeux de la Francophonie 2017 serviront par ailleurs de test, en vue
de la Coupe d’Afrique des nations 2021 de football, prévue en Côte d’Ivoire. La
durée, le format et la médiatisation des deux événements sportifs n’ont certes
pas grand-chose à voir.
Mais en accueillant avec succès quelques 4 000 participant(e)s venus
d’une cinquantaine de pays, les autorités ivoiriennes feraient en partie leur
preuve aux yeux de la Confédération africaine de football (CAF). La nouvelle
direction de la CAF vient en effet tout juste d’engager une réforme de la CAN
qui va considérablement alourdir son cahier des charges, avec 24 équipes
participantes au lieu de 16.
Risques sécuritaires
Reste la question sécuritaire. Des coups de feu ont été tirés à Cocody,
dans la nuit du 19 au 20 juillet. Des hommes en arme et en cagoule ont pénétré
le camp de l’école de police du quartier. Un membre du Centre de coordination
des opérations décisionnelles (CCDO), la brigade mixte de police et de
gendarmerie, a par la suite trouvé la mort à Yopougon, suite à une fusillade
avec les assaillants.
Des mutineries ont éclaté dans plusieurs régions depuis le début de
l’année. Elles ont occasionné un remaniement ministériel le 19 juillet. Le
gouvernement compte donner une bonne image de la Côte d’Ivoire à travers les
Jeux de la Francophonie, après une décennie de crise politique et militaire (2002-2011),
ainsi qu’un attentat jihadiste en 2016. « Au niveau de la sécurité, il n’y a
vraiment pas de problème », martèle Daouda Sanogo, le directeur général du
CNJF, à la veille de la cérémonie d'ouverture.