Interview /Election à la chambre de commerce: Moussa Diomandé : «Je travaillerai avec tous les élus »
Candidat à la présidence de la chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, Moussa Diomandé, explique ce qu’il compte faire pour les opérateurs économiques du secteur des PME, la jeunesse et les femmes entrepreneurs une fois élu.
Que représente, pour
vous, la chambre du commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI) ?
La
chambre du commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire un instrument qui doit
permettre la transformation de l’économie ivoirienne, qui doit accompagner les
politiques gouvernementales, qui doit permettre le réseautage de nos entreprises
et les encastrer dans l’économie mondiale. Voilà ce que doit être une chambre
de commerce et d’industrie.
Vous avez décidé d’être
candidat à la présidence de cette institution, que comptez-vous y apporter de
plus?
Oui,
il y a beaucoup à faire, des choses à corriger forcement. Cette chambre commerce est aujourd’hui noyée par
une foultitude de chambres de commerces. Elle n’arrive pas à jouer totalement le rôle
qu’on attend d’elle. Il faut donc qu’on ait une chambre de commerce de notre
temps. Voilà la réalité.
Je
suis candidat parce que je suis entrepreneur. Je suis un produit des PME et je
pense que la transformation de notre économie, sa diversification, tous ces
éléments doivent être débattus au sein de la chambre de commerce et d’industrie,
et que cette chambre de commerce doit permettre d’accompagner nos PME, nos
entreprises à l’export, leur permettre d’échanger entre elles, comprendre les
enjeux. Il faut une chambre de commerce qui reflète les réalités de notre
économie. Notre économie est certes basée sur l’agriculture mais ce sont les PME
en général qui la consolident. Elles ne doivent pas être l’apanage des multinationales
qui, elles, n’ont pas besoin de financement, d’accompagnement, mais plutôt les
PME qui ont besoin de financement, de réseau, de sous-traitance, de
partenariat. Pour moi, la chambre de commerce est un bel instrument pour mettre
en exécution les décisions pris les institutions.
Vous avez visité
beaucoup de chambres de pays amis, avez-vous noté une différence dans le
fonctionnement entre la chambre de commerce et d’industrie de Côte
d’Ivoire et celles que vous avez visitées ?
Si oui, peut-on affirmer, sans risque de se trouver que la Côte d’Ivoire accuse
un retard ?
Je
ne dirai pas que nous sommes en retard sur les autres chambres. Chaque chose vient
à son temps. Aujourd’hui si le gouvernement a décidé de renouveler les
instances de la chambre de commerce, c’est un pas important dans son
fonctionnement normal.
Regardez
très bien l’économie burkinabé, elle est une économie portée par sa chambre de commerce.
De même pour l’économie malienne. Elle est portée par sa chambre de commerce. Et regardez
très ; ils ont des représentations en Côte d’Ivoire, au Ghana et un peu
partout dans les pays de la sous-région, mais notre chambre (la Chambre de
Commerce et d’Industrie ivoirienne, NDLR) n’est représentée nulle part.
Le
candidat Diomandé veut apporter son expérience du travail à la coopération, à
l’internationalisation de notre chambre de commerce mais également voir dans
quelles mesures les enjeux économiques mondiaux peuvent s’encastrer dans nos réflexions.
Qu’est-ce que vous
proposez concrètement aux opérateurs économie ?
Les
chantiers sont vastes, nous allons travailler par filière. Chaque filière a des
problèmes, des difficultés. Il s’agit de permettre à nos entreprises de gagner
de l’argent, de vendre des produits à travers le monde entier. Concrètement ce
que nous proposons à nos opérateurs économiques, c’est qu’ils viennent avec
nous à la chambre de commerce pour qu’ensemble nous prenions des décisions sur
des problématiques liées à l’export, à la fiscalité, à la transformation de nos
produits. Les chantiers sont donc vastes parce que chaque secteur d’activité à
ses propres problèmes.
L’emploi
des jeunes est aussi une préoccupation pour nous. La problématique des femmes
dans l’écosystème l’est également. En somme il s’agit de bâtir un écosystème
ensemble. Et le président Diomandé compte travailler avec une équipe avec une
vision sur l’innovation qui doit être le made in Côte d’Ivoire. Ensemble nous
allons réfléchir à cela, nous avons des éléments pour les accompagner à l’international,
un peu partout. Nous allons leur dire comment faire du business, comment développer
leur savoir-faire. Nous allons faire tout cela pour que lorsque les opérateurs
économiques arrivent en Côte d’Ivoire, la chambre de commerce soit la porte
d’entrée. Est-ce que les ivoiriens sont prêts à accueillir ces gens ?
Comment travaillent-ils avec eux ? Comment les ivoiriens gèrent les
affaires? Qu’est-ce qu’ils attendent de ces opérateurs économiques ? Entre
multinationales, c’est très simple, mais avec les PME comment les affaires se gèrent-elles ?
Tous ces éléments sont donc à prendre en compte dans l’édification d’un nouvel écosystème
pour les chambres de commerce.
A quelques semaines de
l’élection présidentielle à la Chambre de Commerce quelles sont vos chances ?
Je
ne parlerai pas de chance en tant que telle. Je pense qu’il faut surtout parler
d’atouts. Je pense donc que j’ai les meilleurs atouts. Je suis celui qui vit
avec les PME, qui vit avec les entreprises, qui se réveille avec les PME, je ne
suis pas dans une candidature d’opportuniste. Je suis dans une démarche cohérente,
une logique qui est mon cheminement. Je suis pragmatique, je pense que les PME
et les entreprises ivoiriennes doivent voter celui qui vit au quotidien avec eux,
celui qui se réveille avec eux, et non des gens qui pensent que la chambre de commerce
est un lieu de repos ou un lieu d’intérêt personnel où on y va parce qu’on veut
être quelqu’un. Non ! Ça ne m’intéresse pas.
Ce
qui m’intéresse, c’est comment faire pour que nos jeunes aient du travail,
comment faire pour que leur ingéniosité explose. C’est comment faire pour
qu’ils vendent leurs produits un peu partout dans le monde et gagner de
l’argent.
Sur
le plan institutionnel et politique, il y a des décisions à prendre. Comment
faire pour que toutes les réglementations s’adaptent aux PME et cela c’est un
gros chantier. Je ne pourrai le porter seul. Je le porterai certes avec les
élus, mais je le porterai avec les opérateurs économiques, les chambres de commerces
de la sous-région, parce que les PME doivent travailler entre elles.
Comment
faire pour garantir la production des PME ? Une PME fabrique un produit,
elle ne peut être traitée de la même manière qu’une multinationale. Toute cette
différenciation, ce sont des débats qui doivent être faits dans une vision
commune et collective.
Le
Président de la République a mis en place le ministère des PME, c’est une bonne
chose. Il existe d’autres structures qui concourent au développement des PME,
mais la chambre de commerce reste le lieu du vrai débat, le lieu où tout le
monde se retrouve, où tout le monde réfléchit de façon collective pour trouver
des solutions. Il s’agit de trouver des solutions à la fiscalité, de trouver
des solutions à la comptabilité qui sied à notre système.
Le choix du président
de la Chambre a-t-il un relent politique ?
Nous allons terminer en
faisant une marche arrière pour parler de la campagne et de l’élection, Ce
n’est pas une affaire politique ?
Ce serait une erreur de penser à politiser la chambre de commerce, de penser qu’elle doit revenir aux politiques. Elle concerne exclusivement les opérateurs économiques. Ceux d’entre nous qui pensent qu’il faille venir faire de la politique à la chambre de commerce, que ceux-là attendent les élections législatives et municipales pour pouvoir s’exprimer en politique. Nous ne sommes pas en politique. Nous sommes dans les approches pour nous permettre de gagner notre vie. Nous voulons que la politique s’éloigne de la chambre de commerce. C’est ce que le ministre billon a dit. Il souhaite que cette élection ne soit pas une affaire politique. Il ne veut pas qu’on transporte la politique dans les chambres de commerce pour empêcher les opérateurs économiques et retarder encore la marche du pays. Ce n’est pas le lieu pour faire de la politique.
Rédaction :
UPL-CI