Côte d'Ivoire: La galère des enseignants du privé, résignation à l’assujettissement
La profession d’enseignant un noble métier selon les conceptions communes d’autant plus que l’enseignant est celui qui forme les citoyens plus ou moins de qualité d’une nation. Comme dans tous les pays du monde, la Côte d’Ivoire regorge de deux types d’enseignants.
D’une part
les plus privilégiés
qui appartiennent à la fonction publique et d’autre
part les autres qui
appartiennent au secteur
privé dont le
cas est à pointer
du doigt . Ceux-ci exercent dans
le domaine de l’enseignement générale
primaire, secondaire et technique.
Pour en
venir au fait,
les enseignants du
privé qui œuvrent
dans des structures
ou établissements scolaires
appartenant à des
particuliers dits « fondateurs » sont
de vaillants et
braves travailleurs qui
font le don
de soi jusqu’à
l’épuisement physique, moral et
intellectuel. Car, dit-on que le
métier d’enseignant est
une profession où
l’on ne peut
tricher ou feindre
puisque cela transparaîtrait illico
aux yeux de tous .
Aussi , il
leur est soumis
un programme et
une progression qui
représente une ligne
directive établie depuis
les instances du
ministère de tutelle
nommé le ministère
de l’éducation nationale
que doit suivre
tout enseignant quel que
soit sa tendance
catégorielle. Alors l’erreur n’est donc
pas permise. Pour
dire à quel
point ce corps de
métier requiert du
sérieux et
un savoir-faire certain.
Concernant toujours
le ledit secteur,
les principaux acteurs
ou encore cheville
ouvrière dits « enseignants » qui ont
en charge l’éducation
intellectuelle et civique
des élites de
demain sont laissés
pour compte et
abandonnés à leur
triste et criard
sort étant donné
que la majeur
frange d’entre eux
ne joignent pas
les deux bouts
avec la maigre
rémunération qu’ils perçoivent
pour les plus
chanceux.
En effet,
les salaires dans le
privé de l’éducation
nationale sont très
bas et payés pour
la plupart par
pointage. Cela dit
qu’il y a
donc des taux horaires fixés
qui sont pour
plupart du temps
en deçà des
normes. Car ceux-ci sont
souvent trois (3) à
quatre(4) fois moins
que le taux
horaire fixé par
la convention des
établissements privés qui
s’élève au montant
minimum qui est
de 1500 francs cfa
par heure et
ce qui n’est
d’ailleurs pas suffisant.
Encore , lorsque l’enseignant
du privé a un nombre
d’heures en dessous ou
relatif à 20 heures
par semaine, celui-ci
s’en sort avec
moins du tiers
ou du quart
de salaire d’un
enseignant de la
fonction publique qui
a en plus
de son salaire
des revenus substantiels
souvent supérieurs à
celui de « l’enseignant vacataire »
payé par pointage lorsqu’il arrive
au fonctionnaire de
dispenser des cours
dans le privé
appelés «GOMBOS». Loin
de vouloir désavouer
ou manifester une
grief contre les
enseignants du publique ,
cependant certaines précisions
sont nécessaires à
l’éclaircissement de la
situation.
Un terme
intéressant sur lequel
nous nous attarderons
un temps soit peu « enseignant vacataire »,
un terme emprunté
et galvaudé dans
le but de
dévaloriser « l’enseignant
en exercice dans
le privé » qui
est aussi érudit
ou sachant que
son collègue du
publique.
Nous savons
selon nos sources
qu’un enseignant étant
uniquement qu’au privé
ne peut être « vacataire » puisque
exerçant à plein
temps vu la
tâche inestimable et
incommensurable qu’il accompli. Car, un vacataire
n’est rien d’autre
qu’un « prestataire de
service » tels que : le
plombier, l’électricien, le menuisier,
le tôlier ou
encore le serrurier
et qu’on emploierait pour une
tâche bien définie
pour ensuite s’en
libérer des que le
besoin est comblé.
Imaginez-vous donc un
enseignant en bonne
et due forme utilisé
dans un tel
esprit ? Cela parait démentiel
et inacceptable. Hélas ! c’est
de la sorte
que les fondateurs
disposent de ceux
qui ont en
charge l’avenir des
enfants du pays
au vu et au
su de
l’Etat.
Ce qui
précède n’était donc
qu’une précision capitale
pour mieux vous
exposer le sombre
tableau de la
marchandisation qui est
faite de nos
intellectuels de l’enseignement privé
qui forment les
décideurs de demain
appelés « élèves » ou « apprenants
» au
même titre que
tout autre enseignant
certifié et matriculé.
De
même, on pourrait scinder
en deux ordres
les enseignants du
privé. On a
d’une part les
enseignants dits permanents
qui ont un contrat
à durée indéterminée que l’on
pourrait qualifier de
veinards parce que rémunérés au
moins onze mois sur
douze de l’année. Et d’autre part
les enseignants dits vacataires qui
sont les plus
malaisés ou désavantagés qui en plus d’être sous-payés
au risque de dire mal payés
ne sont
rémunérés que sept (07)
ou huit (08) mois
sur les douze
de l’année.
Encore faudrait-il
que leurs employeurs qui se comportent en de
véritables vulgaires et vils commerçants puissent
avoir un brin de
scrupule et d’honnêteté pour éponger ou
s’acquitter des prétendus
miettes de salaires de
leurs employés. Car, il y a là aussi
des arriérés ou
salaires impayés qui
s’amassent en restant
éternellement impayés.
De même que certaines
primes liées à la fonction
qui se trouvent
confisquées , inexistantes
ou carrément supprimées
sans que nul
ne puissent les réclamer ou
exiger quoi que ce
soit bien que ces
salaires ou primes impayées
leur reviennent de droit. Mieux vaut
se taire au
risque de se faire renvoyer
ou remercier, car les dossiers d’éventuels suppléants ou
remplaçants à votre
poste foisonnent dans les bureaux des
directeurs d’études ou de
la hiérarchie.
L’enseignant du privé
n’est qu’un parfait exécutant (malgré ses
souffrances) qui n’a que
des devoirs ou obligations et aucun droit
sous toutes ses formes canoniques. Aussi, le syndicat
de l’enseignement privé sur qui
devrait reposer les acteurs du
secteur est à tous points
de vue inconnu et inexistant puisqu’aucune action
n’est entreprise par ce syndicat
pour l’amélioration des conditions de
vie de ses syndiqués. De
même les institutions étatiques ayant
en charge l’enseignement privé en Côte d’Ivoire ne lèvent aucun
doigt pour l’amélioration
des conditions de
vies de ces
enseignants traités tels des « marginaux ».
L’enseignant du privé
vacataire peut exercer durant plus d’une
dizaine d’années dans
le privé sans
voir la moindre
couleur d’un contrat
d’embauche, malgré le dévouement et
l’abnégation dont il
fait preuve dans
son travail. Bien au
contraire , il est soumis à
de permanentes menaces
de renvoi à
la moindre erreur
sans percevoir le plus
infime préavis et
quelconque droit que
ce soit .
Affirmait un enseignant
d’un établissement secondaire privé
de renommé de
la commune d’Abobo,
prof d’Anglais de son état à
l’un de ses
collègues « la meilleure promotion qu’on
puisse avoir dans
l’enseignement privé, c’est
le renvoi. »
Cette affirmation aussi
drôle que pathétique de cet enseignant
, n’est en effet
rien d’autre qu’une réaliste réflexion
qui traduit qu’il
est plus d’être
au chômage que
d’exercer dans le
l’éducation privé qui
vous vole les
meilleurs années de
votre vie sans voir
l’horizon des jours
heureux .
Tandis que
le chômage ou
un remerciement professionnel
vous offre beaucoup d’opportunités que
cette profession ingrate
et avilissante .
« un homme
qui a faim
n’est pas un
homme libre » disait le
sage d’Afrique qui
n’est nul d’autre
que notre illustre
et regretté Président
Félix Houphouet Boigny
. cette citation de cet
grand homme de
valeur et de raison traduit
sans ambages aucunes ,les
criardes et pathétiques
conditions de survivance
que subissent au
quotidien ces braves
enseignants du privé
qui ne méritent
aucunement pas toutes
ces affres .
Comment peut-on
vivre pendant cinq mois
sans salaires et
revenus ? C’est cet
exploits donc , que s’attellent
à réaliser chaque
vacance scolaire , les enseignants
vacataires qui se
retrouvent sans aucun
revenus.
Figurez-vous qu’en
tant que pères
de famille , ils doivent se
nourrir de même
que leurs respectives
familles et payer leur
loyer , au risque de
se voir mettre
à la porte
d’une façon humiliante
et inhumaine par
les propriétaires .
A ce propos
M. Kouakou D. enseignant de son
état nous a
confié ses déboires: « lorsque
les vacances s’installent
ma sérénité et ma dignité
s’en volent, car ne
pouvant point m’acquitter
des charges relatives
à mon loyer
et mon foyer
je sors très
tôt le matin
et je rentre
très tard le
soir. Comme ça, je m’assure
de ne point croiser
mon propriétaire de
maison. Je fais
donc tout dehors
comme un enfant
de la rue. »
Dans des
conditions encore plus
pathétiques et pénibles ,
nous avons trouvé
le professeur des collèges
et vacataire M. Koné
A . qui indigné
et exaspéré a dit
: « J’aurais dû apprendre
un métier manuelle
et être à
mon propre compte , au
moins je suis sûr
que je m’en
sortirais mieux et
je ne dormirais
pas dans la
maison de mes
parents pendant toutes
ses années à
me sentir inutile
en ayant le
sentiment d’avoir rater ma
vie et
ma vocation. »
De telles déclarations
nous laisse sans
voix et on se
demande où est
la justice et
les instances garants
de l’équilibre social
et vital ?
En toute
humilité et en
qualité d’observateur critique
de la vie
en société, nous
incitons les autorités
compétentes dans ce
domaine d’activité à
être plus regardants pour l’amélioration efficiente
et palpable des
conditions de vie des enseignants du privé et
limiter l’action des
employeurs dits « fondateurs » de
sorte à ne
plus user de
façon arbitraire et inappropriée
de leur pouvoir
et autorité à
l’endroit de leurs
employés. Car , nombreux sont
les « fondateurs d’établissements scolaires »
qui n’ont aucune
qualification et formation
dans la bonne
gestion des ressources
humaines.
Ciss DEBANK