Burundi : le paludisme déclaré comme "une épidémie"
BUJUMBURA, 14 mars (Xinhua) -- Le paludisme a été déclaré lundi soir à
Bujumbura, par les autorités sanitaires burundaises, comme "une
épidémie" au Burundi sur base d'une expertise de l'Organisation Mondiale
de la Santé (OMS).
"Sur base des conclusions d'une mission d'investigation des experts
de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et en référence à la dernière mise
à jour faite par le système national de surveillance épidémiologique (SNSE), le
ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida (MSPLS) confirme
qu'aujourd'hui, le Burundi fait face à une épidémie de paludisme", a
déclaré dans un point de presse Josiane Nijimbere, ministre burundaise en
charge de la santé publique.
En effet, a expliqué la ministre Nijimbere, cette dernière mise à jour
faite par le SNSE, opérant en synergie avec l'expertise de l'OMS, a relevé un
total cumulé de "8.169.484 cas confirmés de paludisme notifiés" au
cours de l'année 2016, frappant particulièrement les provinces du nord et du
nord-est, à savoir celles de Kirundo, Muyinga, Karusi, Cankuzo, ainsi que,
"dans une moindre mesure", celles de Ngozi, Kayanza, Gitega, Rutana
et Ruyigi.
Elle a ajouté qu'au cours de la période du 1er janvier au 10 mars 2017,
la mise à jour faite par le SNSE, en synergie avec l'expertise de l'OMS, a
recensé un total cumulé de "1.823.012 cas de paludisme notifiés",
soit une augmentation de 13%, par rapport à la situation qui prévalait, à la
même période, en 2016.
La ministre Nijimbere a signalé également qu'en janvier 2017, une mission
internationale d'investigation commissionnée par son ministère et conduite par
l'OMS, a constaté que l'augmentation des cas et décès liés au paludisme au
Burundi, a été progressive depuis l'année 2013, affectant principalement les
provinces du nord et du nord-est du pays.
Cette mission, a-t-elle explicité, a noté en outre que les seuils
épidémiologiques pour la déclaration de l'épidémie, "ont été largement
dépassé" dans ces provinces.
"Les changements climatiques et autres facteurs environnementaux,
des facteurs liés à la surveillance et l'utilisation non optimale des mesures
préventives telles que les moustiquaires imprégnées d'insecticides par les
communautés, ainsi que l'expansion des cultures rizicoles ayant multiplié les
facteurs favorables à la multiplication des moustiques vecteurs du
paludisme", tels sont, selon la ministre Nijimbere, les principaux
facteurs causals de l'amplification de la malaria au Burundi, depuis 2013 à ce
jour.
Dans cette sentence, la ministre Nijimbere s'appuie toujours sur les
résultats de la mission internationale ad hoc opérationnelle sous l'égide de
l'OMS.
Pour faire face à cette épidémie, la médecin Nijimbere a dévoilé que le
MSPLS a entrepris quatre actions-phares.
Les deux premières, a-t-elle explicité, sont l'utilisation d'un plan de
riposte en cours de finalisation permettant de s'attaquer à l'épidémie sous
plusieurs angles en vue d'une mobilisation sociale et des ressources
additionnelles pour y faire face et le déploiement des plans de commandes
d'urgence en médicaments et autres intrants pour faire face à une pression sur
la consommation des médicaments en prévision d'une expansion de la zone de
couverture en traitement (traitements de masse dans des zones ciblées).
La 3ème action-phare, a-t-elle signalé en outre, est le redéploiement du
personnel de santé du niveau de l'administration centrale dans 11 districts
sanitaires les plus touchés pour faire un état des lieux des besoins et pour
apporter un appui aux structures locales de soins dans la prise en charge des
cas paludiques, en recourant notamment à la formule de cliniques mobiles.
Dans cette perspective, a-t-elle annoncé, le MSPLS envisage l'extension
progressive de la couverture antipaludique, à travers la dispensation des traitements
à l'artésunate-amodiaquine dans les sites éloignés des centres de santé jusqu'à
couvrir 26 districts sanitaires.
La 4ème et dernière action-phare pour faire face à l'épidémie, a-t-elle
annoncé en plus, est le renforcement des mesures de prévention antipaludique
via notamment la distribution des MIILDA (moustiquaires imprégnées
d'insecticide à longue durée d'action) au cours d'une campagne d'aspersion dans
les zones éligibles.
La ministre Nijimbere a saisi l'occasion pour "lancer un appel vibrant"
à tous les partenaires du Burundi pour appuyer le pays en cette période
d'épidémie qu'elle a qualifié de "grande urgence de santé publique".
En plus, elle a recommandé à tous ses compatriotes en général et en
particulier à ceux résidant dans les zones les plus touchées par cette
épidémie, de "toujours dormir sous MIILDA et surtout de recourir aux
structures de soins dès l'apparition des symptômes pour bénéficier d'un
traitement antipaludique dispensé gratuitement".