L’ambassadeur Bakayoko-Ly Ramata parle de la 41e session de la Conférence générale de l’Unesco
Excellence, votre prise de fonction en qualité de déléguée
permanente de la Côte d’Ivoire auprès de l’Unesco s’est faite en même temps que
la Conférence générale de ladite institution.
Pourriez-vous
nous en dire un mot ?
En effet, à ma prise de fonction, j’ai eu l’honneur de participer
à la 41e session de la Conférence générale de l’Unesco, l’organe suprême de
l’institution qui réunit l’ensemble des représentants des États membres. Selon
l’acte constitutif de l’Unesco, la Conférence générale détermine l’orientation
et la ligne de conduite générale de l’organisation. Elle a lieu tous les deux
ans, en session ordinaire pour examiner les programmes et le budget soumis par
le Conseil exécutif et adopter les instruments normatifs dans les domaines de
compétences de l’organisation que sont l’éducation, la culture, les sciences
exactes et naturelles, les sciences humaines et sociales, et enfin la
communication et l’information.
Il
revient également à la Conférence générale d’élire le Directeur général, les
membres du Conseil exécutif et ceux des organes intergouvernementaux. C’est
d’ailleurs à cette 41e session qu’a été brillamment reconduite Mme Audrey
Azoulay, Directrice générale pour un second mandat de 4 ans. Cette confiance renouvelée
des États membres témoigne de la qualité de sa gouvernance durant son premier
mandat au cours duquel elle a su renforcer la coopération internationale dans
les domaines de l’éducation, des sciences, de la culture et de l’information
malgré un contexte dominé par la pandémie à coronavirus covid-19.
Il
convient de relever également que le 75eanniversaire de l’Unesco a été
célébré pendant cette session de la Conférence générale.
Quels sont les grands sujets qui
ont été abordés en commissions au cours de cette 41 e session de la Conférence
générale?
Nous
avons d’abord eu dans la Commission Finance et Administration et Question
générales, l’adoption du projet de programme et de budget pour la période
2022-2025.
Ensuite,
la Commission Éducation a pu élaborer un plan d’action dit programme Éducation
et visant à soutenir l'Objectif de développement durable 4 - Education 2030
pour, comme le stipule clairement cet Objectif, « assurer à tous une éducation
équitable et de qualité et des possibilités d’apprentissage tout au long de la
vie ». Cela, en tirant parti des technologies et des innovations numériques en
vue de favoriser le partage des connaissances et le développement des
compétences. Il est par ailleurs prévu de mettre l’accent sur la formation des
enseignants au numérique éducatif, l’éducation des filles et l’intégration de
la question du changement climatique dans les programmes scolaires.
Concernant
la Commission des Sciences exactes, le premier cadre international sur les
sciences ouvertes a été adopté. L’objectif est de favoriser le libre
accès aux publications scientifiques, de faciliter le partage des données
scientifiques et de réduire les écarts scientifiques et technologiques entre
les pays.
Par
ailleurs et dans le souci de la préservation de la biodiversité et de
l’environnement, le 3 novembre a été proclamé « Journée internationale des
réserves de biosphères » pour améliorer la relation entre l’humain et son
environnement. Il est important de noter que la Côte d’Ivoire assure la
présidence du Réseau africain du programme sur l'homme et la biosphère
dénommé AfriMAB.
Quant
à la Commission Sciences humaines et sociales, elle a adopté la toute première
norme mondiale sur l’éthique de l’Intelligence artificielle sous forme de
recommandation. Ainsi, les États membres sont invités à promouvoir et protéger
les valeurs, principes et normes éthiques relatifs à l’IA qui sont énoncées
dans ladite recommandation.
C’est
l’occasion de relever que le Prof. Poamé Lazare, président de la Chaire Unesco
de Bioéthique à l’université Alassane Ouattara, a donné la vision de la Côte
d’Ivoire pour le biennium 2022-2029. Il s’agit notamment d’enseigner l’éthique
de l’Intelligence artificielle dans les universités africaines, de faire une
étude de l’après Covid-19 en Afrique de l’Ouest en lien avec la déclaration
universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme.
Concernant
la Commission Culture, l’accent a été mis sur la promotion de la culture et de
l’économie créative ainsi que sur la sauvegarde du patrimoine culturel et
naturel par le biais des conventions de l’Unesco relatives à la culture. Dans
cette perspective, il a été demandé aux organes directeurs d’harmoniser ces
conventions par l’adoption d’une Convention-cadre.
Il
est important de souligner que la Côte d’Ivoire a été élue membre du Comité
intergouvernemental pour la promotion du retour de biens culturels à leurs pays
d’origine ou de leur restitution en cas d’appropriation illégale.
Enfin,
au niveau de la Commission Communication et Information, on peut relever la
révision des statuts du Programme intergouvernemental pour le développement de
la communication (Pidc) pour la défense de la liberté d’expression, la liberté
d’accès à l’information et la lutte contre les discours de haine.
Par
ailleurs, en Commission conjointe c’est-à-dire dans la commission traitant des
questions transversales de l’Unesco, il a été adopté l’important programme
intitulé « La priorité Afrique » pour la période 2022-2029 qui met au premier
plan les programmes prioritaires à réaliser pour l’Afrique. Ce programme
multisectoriel intéresse tous les domaines dédiés de l’Unesco et reflète une
nouvelle vision pour l’Afrique qui mettra l’accent sur les quatre piliers que
sont : le renforcement de l’Enseignement supérieur, l’histoire générale de
l’Afrique, le patrimoine culturel et enfin la mise en œuvre de la
recommandation sur l’éthique de l’intelligence artificielle en Afrique.
Il
est important de souligner que notre pays apporte son soutien aux projets
structurants proposés par la Directrice générale Audrey Azoulay sur l’éthique
de l’intelligence artificielle, la priorité Afrique et les sciences ouvertes
ainsi que l’égalité d’accès à la recherche scientifique et son impact sur le
public dans les États membres.
Quel bilan faites-vous donc de la
participation de la Côte d’Ivoire à cette importante rencontre ?
Je
dirais que le bilan de la participation de la Côte d’Ivoire à la Conférence
Générale est très satisfaisant avec une représentation au plus haut niveau de
l’État. Le Président de la République, SEM Alassane Ouattara a pris part aux
travaux de la réunion mondiale sur l’éducation qui a consisté en un dialogue
des dirigeants sur l’investissement dans l’éducation.
Cette
réunion de haut niveau qui a appelé à un nouveau contrat social pour
l’éducation, a été matérialisé par la Déclaration de Paris avec un engagement
des États à consacrer 4% à 6% de leur Pib à l’éducation et particulièrement à
la formation des enseignants, au développement du numérique éducatif et à
l’éducation des filles.
À
cette occasion, le Chef de l’État a, dans un message vidéo, réaffirmé
l’engagement de la Côte d’Ivoire pour une éducation inclusive et équitable
; et il a aussi formulé son soutien à la Déclaration de Paris sur
l’investissement dans l’éducation pour l’avenir de l’humanité et de la
planète.
Le
Président de la République a également pris part au 75e anniversaire de
l’Unesco qui a enregistré la participation de 28 Chefs d’État et de
gouvernement ; lesquels, par leurs présences, ont rehaussé le niveau de
participation et salué l’Organisation dans ses domaines de compétences et
réaffirmé l’adhésion de leurs pays à ce nouvel engagement.
Par
ailleurs, on peut noter que la ministre de l’Éducation nationale et de
l’Alphabétisation, le Prof Mariatou Koné, qui est également la présidente de la
Commission nationale de l’Unesco, a participé à la session de débats de
politique générale. En séance plénière, elle a présenté la contribution de
notre pays dans la mise en œuvre des programmes de l’Unesco dans les domaines
de l’Éducation, des Sciences, de la Culture, de la Communication et de
l’Information. Elle a en outre exprimé à l’Unesco, la gratitude du gouvernement
ivoirien pour avoir bénéficié de plusieurs programmes notamment les trois
Chaires Unesco que sont les Chaires Bioéthique, Culture de la paix, Eau,
femme et pouvoir de décision.
La
ministre de la Culture et de l'Industrie des Arts et du Spectacle, Mme Arlette
Badou, a également pris une part active aux travaux relatifs aux Conventions de
l’Unesco en matière de culture.
Au
niveau de la Délégation permanente, nous avons, tout en participant aux travaux
avec le Secrétaire général de la Commission nationale ivoirienne, assuré le
suivi de la participation de la trentaine d’experts ivoiriens aux travaux des
six (6) commissions de la Conférence générale.
Nous
avons également pris part aux différentes élections au sein des comités
intergouvernementaux.
En
définitive, je pense qu’on peut saluer les acquis importants obtenus par la
Côte d’Ivoire au cours de cette Conférence générale. La ministre de l’Education
nationale et de l’Alphabétisation a intégré deux instances de haut niveau de
l’Organisation. Il s’agit du Comité de pilotage de la Commission internationale
sur les futurs de l’éducation en qualité de représentante des pays africains
francophones et de la Commission de haut niveau sur le développement comme
représentante de l’Éducation mondiale pour une durée de 4 ans.
La
bonne nouvelle, pour terminer, est l’accord donné par l’Organisation
onusienne pour la création de la Chaire Unesco « Anticipation, Prospective et
Territoires Durables » à l’université Alassane Ouattara.
Je voudrais dire aux Ivoiriens que nous œuvrons, aux côtés du ministère de la Culture et de l'Industrie des Arts et du Spectacle pour le retour des biens culturels ivoiriens, notamment le tambour parleur Djidji Ayôkwê du peuple Tchaman (Ebrié) ainsi que pour l’inscription des pagnes tissés et de l’attiéké sur liste du patrimoine culturel mondial de l’Unesco.
Sercom