Tentative de putsch: une expertise sur les écoutes Soro-Bassolé remise au Burkina
Paris, Une expertise, mettant en doute l’authenticité des enregistrements téléphoniques qui empoisonnent depuis plusieurs mois les relations entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, a été remise à la justice burkinabè, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier.
Ces
enregistrements d’une conversation attribuée à Djibrill Bassolé, ex-ministre
des Affaires étrangères du Burkina, et Guillaume Soro, président de l’Assemblée
nationale ivoirienne, laissaient entendre que ce dernier était impliqué dans la
tentative de coup d’État contre le régime de transition burkinabè à la
mi-septembre.
L’analyse
demandée par Me William Bourdon, avocat français de Djibrill Bassolé, et
réalisée par un expert français remet en question l’authenticité des seize
minutes d’enregistrement.
"L’enregistrement
fourni ne peut être présenté comme étant un enregistrement intègre", écrit
l’expert dans ce document révélé par Le Monde et que l’AFP a pu consulter. Il
évoque l’hypothèse d’"un montage" réalisé à partir de plusieurs
conversations téléphoniques.
Djibrill
Bassolé, homme clé du régime de Blaise Compaoré tombé en 2014, et Guillaume
Soro ont nié avoir eu cette conversation, dénonçant une
"manipulation".
"Depuis
le départ, cette retranscription est la preuve cardinale sur laquelle s’appuie
le Burkina dans ses accusations contre mon client", a déclaré à l’AFP Me
William Bourdon .
"Non
seulement elle n’a aucune valeur juridique car tout laisse à penser que c’est
une écoute clandestine, mais il est désormais établi qu’elle n’est pas
authentique. Toutes les charges s’écroulent", a-t-il ajouté.
Des
soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) avaient pris le président
burkinabè Michel Kafando et le gouvernement en otage le 16 septembre avant de
proclamer le coup d’État le lendemain. La mobilisation populaire et celle de
l’armée loyaliste avaient conduit à l’échec du putsch une semaine plus tard.
M.
Bassolé a été interpellé à son domicile le 29 septembre. Il a été notamment
inculpé de "haute trahison", "attentat à la sûreté de
l’Etat" et "collusion avec des forces étrangères pour déstabiliser la
sécurité intérieure".
La
justice burkinabè a lancé le 8 janvier un mandat d’arrêt à l’encontre de
Guillaume Soro, provoquant une crise diplomatique entre les deux pays voisins
historiquement liés.
Roch
Marc Christian Kaboré a été élu le 29 novembre président du Burkina Faso,
mettant fin au régime de transition qui a suivi la chute en octobre 2014 du
régime Compaoré.
sde/tmo/bir
Source AFP