La France a-t-elle fourni des armes aux auteurs du génocide rwandais en 1994?
Selon
la revue «XXI», la France a fourni des armes aux auteurs du génocide rwandais
en 1994. Dans le numéro à paraître ce mercredi, le journaliste Patrick de Saint-Exupéry
affirme avoir recueilli la preuve qu'un ordre a bien été donné pour réarmer les
tueurs au moment où ceux-ci étaient mis en déroute par les armées du FPR. Et il
pointe du doigt l'ancien ministre Hubert Védrine, qui était à l'époque
secrétaire général de François Mitterrand à l'Elysée. L'article repose sur les
confidences d'un haut fonctionnaire, un homme dont on ne sait rien hormis qu'il
a eu accès aux archives sur le Rwanda en 2014, lorsque le président François
Hollande envisageait de les déclassifier.
Les
informations qu'aurait découvertes ce haut fonctionnaire étaient tellement
sensibles qu'elles n'ont finalement pas été déclassifiées. Selon la revue XXI,
ce témoin a lu plusieurs documents concernant des militaires voulant exercer
leur droit de retrait pour ne pas obéir aux ordres.
Puis
une note rappelant qu'il fallait s'en tenir aux décisions, c'est-à-dire selon
la revue réarmer les Hutus qui fuyaient la progression du FPR de Paul Kagamé
pour se réfugier au Zaïre. Toujours d'après le haut fonctionnaire, cette note
est signée d'Hubert Védrine, alors secrétaire général de la présidence.
De
quand date le document ? L'article ne le dit pas, d'ailleurs le journaliste
admet volontiers qu'il ne l'a pas vu, mais qu'il fait confiance à sa source.
Un
ancien militaire engagé dans l'opération française Turquoise nous raconte ces
livraisons d'armes : il explique qu'au début du mois de juillet, donc à la fin
du génocide, on lui a demandé de distraire des journalistes présents sur sa
base militaire le temps de laisser passer un convoi d'armes vers la frontière
congolaise.
Hubert
Védrine refuse de faire le moindre commentaire. Et Paul Quilès, qui avait
dirigé la mission parlementaire sur le Rwanda, assure n'avoir jamais vu de tels
documents, s'interroge sur la fiabilité de ce haut fonctionnaire dont on ne
connaît pas le nom.