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Cameroun : un an après la catastrophe ferroviaire d’Eseka, des familles en deuil et une justice en attente

jeune afrique 20 Oct 2017 - 23H17

Il y a un an, le train Yaoundé-Douala déraillait à hauteur d’Eseka, faisant officiellement 79 morts et plus de 600 blessés. Douze mois plus tard, les procédures judiciaires n’ont apporté que peu de réponses aux familles des victimes, dont certaines cherchent toujours des proches disparus.

21 octobre 2016. 11h15, heure de Yaoundé. Le train de voyageurs 152VE, reliant la capitale camerounaise à Douala, s’ébranle. Il a cinquante minutes de retard et ses rames sont bondées. Depuis l’effondrement d’une buse sur l’axe routier qui relie les deux villes, nombreux sont les usagers à s’être rabattus sur le rail. Les tickets se sont arrachés. Certains n’ont pas de place assise. Beaucoup préviennent leur famille du retard.

Puis la communication est coupée. Il est 12h45 lorsque l’intercités de la Camrail aborde une légère pente descendante d’une longueur de sept kilomètres. Une courbe se présente alors que le compteur de la vitesse indique 96 kilomètres par heure. Depuis 2014, les autorités ferroviaires y ont pourtant limité la circulation des trains à 40 kilomètres par heure, pour un mauvais état de la voie.

Mais, en ce 21 octobre 2016, Mathias Lewis Yedna, le conducteur, ne parvient pas à réduire le train d’enfer de sa locomotive. Surchargé, handicapé par des défaillances de freinage mises au jour par la suite par le rapport d’un expert ferroviaire, le convoi s’emballe. À la sortie d’une première courbe, les voitures de queue se détachent et chutent violemment dans un ravin.

Des familles toujours à la recherche de leurs proches

Deux cents mètres plus loin, une deuxième courbe puis un affaissement de la voie portent un nouveau coup à l’intercités, toujours lancé à environ 80 kilomètres par heure. Onze wagons se détachent à leur tour et seuls restent sur les rails la voiture 1323, le générateur 731 et la locomotive 3007, qui finissent par s’immobiliser quelques kilomètres plus loin, après la gare d’Eseka. Bilan officiel : plus de 600 blessés et 79 morts.

Un an plus tard, ce dernier chiffre cristallise toujours les ressentiments des intimes de victimes. Parmi elles : les proches de Romuald Tedonzong et de Dorette Dissake. Comme au moins cinq autres familles, ils sont toujours à la recherche de leur parent disparu, qui n’ont plus donné signe de vie depuis la catastrophe.

En mai 2017, leurs avocats ont lancé une « procédure en recherche de disparus » devant le tribunal de première instance de Douala, en assignant Camrail et son actionnaire majoritaire, le groupe Bolloré. L’affaire est toujours en suspens alors que les victimes ont saisi le ministre de l’Administration territorial et de la Décentralisation, René Emmanuel Sadi. Sans succès.

« Des troisièmes couteaux sur le banc des accusés »

À Eseka, le bras-de-fer est lui aussi figé. L’enquête judiciaire ouverte par le paquet général du Centre a abouti au renvoi de cadres de Camrail devant le tribunal de première instance de la ville. Mais, lors de la dernière audience, le 11 octobre, ni l’ancien directeur général de la société ferroviaire, Didier Vandebon (qui a démissionné depuis), ni son successeur Michel Roussin, ne se sont présentés et les procès-verbaux de l’enquête réalisée sur la catastrophe n’ont toujours pas été versés au dossier.

L’affaire a donc été renvoyée au 8 novembre prochain. « Le moins que l’on puisse observer est que, pour le moment, seuls des troisièmes couteaux écument le banc des accusés », déplore Michel Janvier Voukeng, un des avocats des familles de victimes. « Il y manque cruellement les hommes de l’affaire, puissants et connus de tous », ajoute le juriste camerounais, qui se débat depuis douze mois dans des procédures jusqu’en Europe.Suite sur .jeuneafrique.com

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