Destitution: les SMS compromettants ne semblent pas ébranler Donald Trump
Confortés par une série de SMS montrant que la diplomatie américaine a conditionné une rencontre du président ukrainien à l'ouverture d'une enquête de Kiev sur les Biden, les démocrates accélèrent leur enquête visant à destituer le président Trump. Ils ont transmis à la Maison Blanche une injonction officielle exigeant la remise de documents d'ici le 18 octobre.
Avec notre
correspondante à Washington, Anne Corpet
Aux États-Unis, les démocrates poursuivent leur enquête dans
le cadre de la procédure de destitution du président Trump. Ils doivent
entendre ce vendredi à huis clos l’inspecteur des services de renseignements.
Michael Atkinson a été le premier à alerter le Congrès sur la plainte déposée
par un lanceur d’alerte sur le coup de téléphone entre le président américain
et son homologue ukrainien.
Jeudi soir, après avoir entendu Kurt Volker l’ancien envoyé
spécial de l’administration américaine en Ukraine, les élus démocrates ont
révélé de nouveaux éléments à charge contre l'administration : des textos
échangés entre des diplomates américains et les autorités ukrainiennes. Ces
textos évoquent directement les pressions exercées par l'administration
américaine sur l'Ukraine.
Ces SMS sont particulièrement troublants : le premier a été
envoyé par Kurt Volker à un conseiller de la présidence ukrainienne juste avant
le coup de fil litigieux entre les deux chefs d’État..On peut y lire ceci
: « Entendu de la Maison Blanche. Si
président Zelenskiy convainc Trump qu'il va enquêter, nous trouverons une date
pour une visite à Washington ».
Dans un autre message rédigé le 1er septembre, Bill Taylor,
le chargé d’affaires américain en Ukraine s’interroge : « Est-ce que nous disons
maintenant que l’aide militaire à l’Ukraine et la visite à la Maison Blanche
sont conditionnées par l’ouverture d’une enquête ? ». Et une semaine plus tard,
il s’inquiète dans un SMS envoyé à l’ambassadeur américain pour l’Union
européenne : « Je pense que c’est fou de conditionner l’aide militaire à un
coup de main dans une campagne électorale ». Sentant sans doute le danger
venir, le diplomate lui répond « Cessons ces échanges de textos, appelle-moi ».
Les textos échangés entre les diplomates américains montrent
aussi l’implication de Rudolf Giuliani, l’avocat personnel du président dans
les pressions exercées sur l’Ukraine. Enfin, selon le New York Times, deux des
principaux envoyés du président Trump en Ukraine ont rédigé une déclaration
pour le président Zelenskiy, après le coup de fil entre les deux chefs d’État :
ce texte aurait engagé l'Ukraine à poursuivre les enquêtes demandées sur ses
rivaux politiques.
Ces révélations ne
semblent pas ébranler Donald Trump
Le président américain s’en tient à une ligne de défense :
il affirme avoir agi non pas pour nuire à son adversaire politique Joe Biden,
mais pour lutter contre la corruption. « Je me fiche de la politique »,
vient-il encore de déclarer sur la pelouse de la Maison Blanche, en ajoutant : «
mais j’ai le devoir, l’obligation de lutter contre la corruption ».
Donald Trump se présente donc en héros de la lutte contre
les malversations. Mais à un journaliste qui lui demandait si dans le cadre de
ce nouveau combat, il avait déjà tenté d’obtenir des informations sur quelqu’un
qui ne serait pas un adversaire politique le président a répondu : « Euh, je ne
sais pas il faudra que je vérifie...»...suite sur www.rfi.fr/