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Actualité economie

Qui profite, ou pas, de la chute vertigineuse des cours du cacao?

rtbf.be 10 Mar 2017 - 14H05

La chute des cours du cacao, une bombe sociale en Côte d'Ivoire. C'est le titre d'une dépêche de l'AFP. Les cours du cacao sont toujours très fluctuants, la glissade des prix est-elle vraiment si forte?

 

Un chiffre suffit pour l’ illustrer : moins 40 % en six mois, le niveau le plus bas depuis huit ans. Laurent Pipitone est directeur de la division économie à l'ICCO, l'Organisation mondiale du cacao. Pour lui, cette chute est vertigineuse : " C’est une chute particulièrement importante qui nous inquiète à l’ICCO tout simplement parce qu’une telle glissade va affecter de façon importante les revenus des producteurs. Si ce niveau de prix est maintenu dans les mois voire les années qui viennent ce qui est possible, cela va affecter l’ensemble des programmes de durabilité qui ont été mis en place. On ne peut pas avoir de cacao durable si les producteurs de cacao n’ont pas de revenus suffisants pour subvenir à leurs besoins et restent à un niveau de pauvreté important ".

 

Niveau garanti

 

Les deux pays principalement concernés sont la Côte d'Ivoire et le Ghana, 60 % du marché mondial à eux deux. Le niveau des prix y est pour l'instant garanti aux producteurs, mais un nouveau prix sera fixé au printemps. C'est alors que la bombe sociale pourrait éclater.

 

La chute des prix affecte les producteurs de cacao. A l'autre bout de la chaine, est-ce que les consommateurs en profitent ? Cela semble aller de soi, mais ce n'est pas le cas ce qui mérite quand même quelques explications.

 

Entre le cultivateur et celui qui déguste sa tablette de chocolat, il y a de nombreux intermédiaires. Ethiquable est une entreprise française spécialisée dans le commerce éthique. Christophe Uberhart est un des cofondateurs et le responsable des filières : " En général quand il y a une baisse des cours des matières premières, les grands opérateurs ne la répercutent pas forcément aux consommateurs. Nous allons toujours payer nos tablettes de chocolat au même prix et ce sont plutôt les acteurs de l’aval de la filière, les transformateurs, les fabricants qui vont bénéficier de ces nouvelles marges et ce sont les producteurs qui vont en pâtir ".

 

Question de marge

 

Finalement, les seuls gagnants de cet effondrement des prix sont donc les intermédiaires et notamment les fabricants de chocolats. Le cacao intervient pour environ un tiers dans le prix de vente du produit fini. Quand les cours baissent, la marge du chocolatier augmente.

 

Pour Jean Galler, c'est logique et même nécessaire : " Le secteur du chocolat n’est pas un secteur qui gagne énormément d’argent. Si c’était comme dans certains secteurs où les bénéfices sont énormes, le chocolatier pourrait envisager une diminution pour en faire profiter le consommateur. Mais ce dernier bénéficie déjà de prix bas toute l’année en Belgique. Quand les cours du cacao diminuent comme c’est le cas pour le moment, cela permet au chocolatier d’en revenir à des marges un peu plus normales ".

 

Un raisonnement économiquement logique. Mais tout en amont, le producteur doit quand même se dire qu'il joue dans une pièce dont le scénario lui échappe totalement. Le mot de la fin de Laurent Pipitone : " Je suis inquiet et je pense que cela pourrait avoir des répercussions de long terme. Si le marché du cacao n’est plus profitable pour les producteurs, beaucoup vont souffrir, nombreux vont rester parce qu’ils n’ont pas d’alternative, d’autres vont quitter la production de cacao ".

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