Dernières infos

  • Pour tous vos - Reportages, Annonces et Publicités veuillez nous contacter au 0709903514 / 0749799497

Actualité societe

Malfaçon et dégradation précoce des ouvrages réhabilités: Des recettes pour combattre un fléau budgétivore…

Ivoirinter24.net avec Afrikchallenges 21 Aoû 2018 - 14H04
Les Pme locales doivent mettre davantage le cap sur la qualité dans l’exécution des chantiers

La dégradation très rapide des infrastructures routières qui viennent d’être réhabilitées à grand frais par l’Etat et donc sur le dos du contribuable ivoirien, n’échappe à personne. La mauvaise qualité des travaux avec certains ouvrages parfois mal implantés et inadaptés ont nécessité la réhabilitation de bon nombres de routes déjà réalisées dont l’axe Singrobo-Yamoussoukro, long de 85,5 km sur l’autoroute du Nord réhabilité seulement deux ans après sa livraison. Il en va de même pour la route Kotobi-Akoupé, en cours de réhabilitation alors que l’ouvrage n’a pas encore été réceptionné. Ils pouvaient par conséquent redescendre rapidement sur Bongouanou et progresser sur M’Batto, Tiémélékro d’une part et Dimbokro et Toumodi d’autre part. Mais le craquement du tablier du pont ainsi que de ses passages piétons du fait de la crue du fleuve Agbo a poussé les voyageurs à solliciter de nouveau l’unique alternative qui s’offrait dans le temps à eux. Il s’agit d’emprunter la voie plus longue menant à Daoukro, en passant par le carrefour de Bonanhouain puis par la ville d’Arrah, avant d’atteindre Kotobi. Ce n’est pas tout ! Sur la section Bassam-N’Zikro distant de 45 km, « un rapport de l’Ageroute et la mission de contrôle des travaux du chantier relève également de graves dysfonctionnements dans l’exécution du projet » a indiqué récemment à la presse une délégation du ministère de l’Equipement et de l’Entretien routier qui était sur le site dudit chantier pour s’enquérir de l’état d’avancement des travaux. D’un coût de 5,8 milliards de francs Cfa, ces travaux qui ont débuté le 14 février devraient s’achever le 14 août 2018, soit une durée de six mois. Sur place, il a été constaté que les travaux ont connu un grand retard avec un taux d’exécution par l'entreprise Etracon de 15% à deux semaines de la livraison de cette section.«Le chantier Grand-Bassam-Aboisso principalement la section Bassam-N’Zikro connait beaucoup de difficultés. Vous avez pu le constater avec nous que nous enregistrons un taux d’exécution de 15% avec un programme prévisionnel de plus de 85% du délai imparti pour la réalisation de ces travaux», a déploré le Directeur de cabinet, qui n’est autre que M. Yao Aristide. Face aux plaintes récurrentes des usagers, le ministère de l’Equipement et de l’Entretien routier via les structures sur sa tutelle technique que sont : l’Agence de gestion des routes( Ageroute) et le Fonds d’entretien routier( Fer) a décidé de monter sur ses grands chevaux. Ce pour sanctionner les entreprises qui seront désormais fautives. Le ministre Amedé Kouakou a donné récemment le ton à Yamoussoukro à la faveur du lancement du programme d’entretien routier 2018( Per 2018). Il faut lutter contre la malfaçon et le bricolage dans l’entretien routier et donner toute sa chance aux Petites et moyennes entreprises locales à compétire demain à change égale avec les multinationales à qui l’Etat confie les marchés de construction des ouvrages d’envergure en Côte d’Ivoire. M. Pierre Dimba, le Directeur général de l’Ageroute, lors d’une séance de formation et de sensibilisation à Yamoussoukro à l’intention des dirigeants d’entreprises opérant dans le Bâtiment et travaux publics( Btp). Profitant de l’occasion, il a dénoncé le fait que malgré les montants importants investis par le gouvernement, certains travaux exécutés se dégradent prématurément. Puis d’imputer cela, non seulement, à la mauvaise qualité des matériaux utilisés, mais à des dispositions prises par des entrepreneurs qui exécutent des travaux qui ne sont pas toujours conformes. « La responsabilité principale pèse sur l’entreprise qui doit faire l’autocontrôle pour que ce qu’elle livre soit conforme et ait la durabilité attendue », a-t-il indiqué. Non sans rappeler le texte pris par le gouvernement en vue de sanctionner les entreprises qui auront à exécuter des travaux de mauvaise qualité. Mais que dit le Groupement ivoirien des Travaux publics( Gibpt) dont des membres sont donc indexés ? . M. Eponon Philippes, le président dudit groupement est formel quand il dit : « Le reproche peut être justifié. Dans toute communauté, il y a toujours des brebis galeuses. Mais le fait essentiel qu’on doit retenir, c’est que la cause essentielle des malfaçons vient du défaut de financement. Je m’explique : Les Petites et moyennes entreprises manquent de trésorerie pour honorer leurs engagements. Généralement une entreprise qui démarre commence avec une banque. Qui l’accompagne et espère que cette Pme va faire une prestation pour laquelle, elle doit être payée. Au bout d’un délai, la Banque ne voit pas un paiement arriver, coupe donc tout financement à cette entreprise. Qui est obligé de terminer le travail pour espérer recevoir le paiement » Mais que dit la Banque Mondiale sur l’exécution des marchés ? M. Maurice Adoni, expert en passation des marchés au bureau de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire, que nous avons approché, invite à une formation plus accrue des entreprises. Aussi, il a levé un coin de voile sur le processus de passation des marchés au niveau de la Banque Mondiale,( Bm). Il y a de cela quelques années, M. Adoni nous confiait : « pas de pays développé s’il n’ a pas en face, des entreprises capables(…) » Et d’ajouter que : « Depuis 2008, avec l’implication de tous nous enregistrons des résultats exceptionnels en Côte d’ivoire avec des impacts immédiats et visibles de leur intervention de la banque. Vous pouvez mener votre propre enquête et nous revenir(…) Pour ce qui est de la mise en œuvre des financements nationaux, nous constatons qu’il y a des lenteurs, des corrections à apporter. (…) Au niveau des entreprises, nous constatons d’une manière générale qu’il faut une bonne formation et qu’il faut qu’elles prennent conscience de leur rôle essentiel dans la mise en œuvre du budget. Quand on parle de consommation du budget, c’est surtout l’efficacité des entreprises. Ce qui suppose que les entreprises sont équipées et elles planifient et exécutent dans le délai, les marchés qui leur sont confiés. Sur ce point nous constatons que des faiblesses existent tant dans la compréhension des procédures de marché au niveau des entreprises ivoiriennes, mais aussi au niveau du respect du cahier des charges » Que dire de la grogne des entreprises face au non- respect des délais de paiement? Sur cette question notre interlocuteur estime que : « Les entreprises se plaignent du non-respect des délais de paiement. Le non-respect des délais de paiement expliquent en partie les insuffisances que nous avons évoquées plus haut. Cette question doit être adressée afin d’arriver à une exécution optimum des marchés. En tout état de cause, un pays ne peut pas se développer s’il n’a pas en face, des entreprises capables de tenir les engagements des autorités contractantes qu’elles satisfassent à la commande publique » Et pourtant , le même Etat est prompte à payer les factures des entreprises étrangères et traine les pieds quand il s’agit des Pme locales. Là encore, le point de vue de notre expert de la Banque mondiale devrait inciter nos responsables des entreprises qui travaillent pour l’Etat, à aller dans davantage d’une plus grande professionnalisation. M. Maurice Adoni affirme : « Peut-être que les multinationales demandent à l’Etat de respecter les dispositions du marché. Ça aussi, c’est le professionnalisme. Vous avez un contrat avec l’Etat, s’il ne respecte pas les dispositions de ce marché, il faut les lui rappeler. Une entreprise est créée pour gagner de l’argent ; donc avoir les marchés et être payée lorsqu’elle exécute ses marches. C’est ce que font les multinationales avec leurs services juridiques qui font appliquer les dispositions dont elles sont attributaires. Ceci est valable pour toutes les entreprises attributaires de marches en Côte d’Ivoire. En cas de réprimande l’Anrmp saisit fera valoir les droits de cette entreprise. »

Ce que dit la loi si des avaries sont constatées

En Côte d’Ivoire, la loi dit que quand une entreprise remporte un marché et qu’à l’issue de l’exécution, des avaries sont constatées rapidement, elle doit payer. Mais nous avons bien l’impression que les textes ne sont pas respectés. Sollicité pour avoir son avis M. Adoni ajoute : « Nous voudrons repréciser qu’il y a plusieurs acteurs dans le système de passation de marché. Nous avons l’autorité contractante qui passe le marché et l’attributaire qui exécute (les prestataires). Nous avons indiqué plus haut qu’une entreprise est créée pour gagner de l’argent. Donc s’il y a des dispositions du marché qui ne sont pas respectées ou que le marché n’a pas été bien fait, il ne faut pas payer. Si vous avez payé et que vous vous rendez compte que par la suite, qu’il y a des anomalies, il y a la retenue de garantie. Si au cours de la période de garantie, des avaries apparaissent comme vous le dites, en principe le maitre d’ouvrage doit inviter l’entreprise à corriger les imperfections. Dans le cas contraire, l’autorité contractante peut faire jouer la retenue de garantie et même la garantie décennale.(…) » voilà qui est claire ! Rappelons qu’en 2017, à l’issue d’un Conseil des ministres, M. Koné Bruno alors ministre de l’Economie numérique de la communication et de la Poste, par ailleurs porte- parole du gouvernement avait annoncé des sanctions contre les entreprises coupables de mauvais travaux. « En vue d’emmener les acteurs de la chaine des travaux routiers à plus de responsabilité dans la conduite de leurs missions et de prémunir le maître d’ouvrage contre les risques de dégradations précoces des infrastructures réalisées, le Conseil a décidé de renforcer les sanctions à l’encontre des opérateurs du secteur convaincus de manquement à leurs obligations contractuelle »,avait déclaré Bruno Koné, alors porte-parole du gouvernement. Depuis, cette annonce, le gouvernement continue de donner dans de taper du poing sur la table .Mais pas de sanction contre les entreprises fautives. Du moins en notre connaissance ! Donnant ainsi du grain à moudre à l’imagerie populaire qui dit qu’à Abidjan que « le meilleur vérificateur des routes bitumées est la pluie. Là où elle passe à flot, les voies bitumées avec négligence ou sans réelle expertise trépassent » Abidjan où on ne manque pas d’humour pour dénoncer la dégradation précoce des routes réhabilitées, on parle même « de goudron biodégradable ou les routes en barre chocolaté ». Mais combien coûte tout ça au contribuable ivoirien ? Des milliards de Fcfa certes et l’Autorité nationale de régulation des marchés publics( Anrmp), qui a annoncé un audit sur la dégradation précoce des routes ivoiriennes devrait nous sortir des chiffres précis bientôt. Notons que les travaux d’entretien pour l’année 2018 sont confiés à 130 Petites et moyennes entreprises. Ils vont coûter plus de 97 milliards de francs Cfa. Ce pour l’entretien de 40 000 kilomètres de routes et de pistes en Côte d’Ivoire. Aussi, la Côte d’Ivoire dispose d’un réseau d’environ 82 000 km de routes dont plus de 6 500 km revêtues situé en zone pluvieuse, et 75 000 km de route en terre avec seulement 15 000 km qui sont en bon état.

Bamba Mafoumgbé,bamaf2000@yahoo.fr

Autres articles

Partenaires