Expo Dubaï 2020 : Dr Adama Coulibaly fait le point de la présence du Conseil du coton et de l’anacarde
Présent à Dubaï expo , avec
son directeur de la transformation, son directeur de la commercialisation, la
responsable qui fait la promotion de tout ce qui est produit et conseils, et
Mme Depry la dynamique responsable de la communication, Docteur Adama
Coulibaly, Directeur général du conseil du coton et de l’anacarde, fait le
point de la présence de sa structure.
Pourquoi
le conseil du coton et de l’anacarde participe à Expo Dubaï 2020 ?
Rencontré le jeudi 25 novembre 2021, dans la capitale
emirati, en marge du Forum économique sur la Côte d’Ivoire, Dr Adama Coulibaly,
Directeur général de la structure fait la lumière sur cette présence . Il
profite pour présenter un rapide état des lieux du secteur coton et anacarde.
Monsieur le Directeur général du Conseil du Coton et
de l’Anacarde, peut-on savoir les raisons de votre présence à cette journée
économique ivoirienne avant la journée de la Côte d’Ivoire demain à Expo-Dubai
?
Nous sommes ici, grâce à Son excellence, Monsieur le
Premier ministre, qui a bien voulu autoriser les déplacements à ce forum
extrêmement important. Vous savez, pour nous qui sommes en charge des filières
anacarde-coton, le challenge aujourd’hui de ces filières c’est la
transformation. La transformation suppose des investissements. C’est pour cela
que nous parcourons, j’allais dire, le monde à la recherche des partenaires
pour que des investissements conséquents puissent être faits dans le domaine de
la transformation des produits de l’anacarde et du coton. Pour attirer des
investisseurs, il nous faut créer un environnement global favorable à leur
arrivée en Côte d’Ivoire. Et cet environnement part de la réalisation des
infrastructures industrielles. Je veux dire des zones industrielles comme nous
sommes en train de le faire à Bondoukou, à Korhogo, bientôt à Séguéla et plus
tard à Bouaké pour l’anacarde. Nous voulons dupliquer la même démarche dans le
cadre du coton, mais, avec des superficies plus grandes. Cela demande beaucoup
d’investissements et surtout des investissements lourds. D’où, l’importance pour
nous de rechercher des partenaires à travers le monde. Et cette partie du monde
ici à Dubaï est particulièrement propice au partenariat stratégique. Vous savez
l’anacarde est particulièrement prisé ici à Dubaï . C’est un marché émergent
pour l’amande de cajou. Notre présence ici se justifie donc largement parce que
non seulement, nous cherchons des débouchés pour des produits qui sont déjà
transformés, mais nous cherchons également des investisseurs pour accélérer le
mouvement afin d’arriver à au moins 500.000 tonnes de noix brutes de cajou
transformées en Côte d’Ivoire.
Avant Dubaï, ici, vous aviez une délégation du
Directeur général du Conseil du Coton et de l’Anacarde était à Durban en
Afrique du Sud. Comment ça s’est passé là-bas ?
Ça s’est très bien passé. La Côte d’Ivoire n’est pas
beaucoup connue à l’international en tant que pays producteur dans le secteur
agricole. Nous sommes une vraie puissance agricole mondiale, mais très peu de
personnes le savent.
Qu’est ce qui peut bien expliquer cela ?
Je pense que c’est qu’on n’a pas été justement
toujours été agressif de façon régulière dans le passé en termes de
communication, en termes de voyages, en termes de forum de ce genre. Et c’est
pour cela que nous apprécions l’organisation de forum de ce genre qui sont des
opportunités à saisir.
Est-ce à dire que des pays consomment notre anacarde
et nos produits sans savoir qu’ils viennent de la Côte d’Ivoire ?
Ils ne savent pas. Pourquoi ?Pour l’anacarde c’est
parce que la matière première fait l’objet d’un commerce triangulaire. Les noix
brutes produites en Côte d’Ivoire sont transportées au Vietnam où elles sont
transformées et exportées comme produits vietnamiens. Ainsi c’est le Vietnam
qui est connu comme fournisseur d’amande dans le monde. La Côte d’Ivoire n’est
pas connue.
Mais le Vietnam n’est-il pas lui aussi producteur?
Si ! Le Vietnam produit l’anacarde. Toutefois il
produit à peine la moitié de ce que nous produisons. Le Vietnam selon les
chiffres qu’ils ont eux-mêmes donnés la dernière fois, c’est autour 380.000
tonnes. C’est loin de ce que la Côte d’Ivoire produit.
Qu’est-ce qu’il faut faire pour remédier à cela, pour que la Côte d’Ivoire
prenne sa place ?
Justement cela passe par des forums comme celui-là. Et
au-delà de ces forums, j’allais dire, nous devons structurer nous-mêmes, notre
communication, faire d’autres voyages à travers le monde, pour vendre, pour
profiter de toutes les opportunités de voyage pour effectivement faire
connaître la Côte d’Ivoire comme une puissance agricole. Et j’insiste, la Côte
d’Ivoire est une puissance agricole au plan mondial. Quand vous êtes premier
producteur mondial de cacao, premier producteur mondial de cola, premier producteur
mondial de noix de cajou, quatrième au niveau de l’hévéa, septième au niveau de
l’ huile de palme, c’est extrêmement important. On ne parle même pas des autres
spéculations qui restent aussi importantes. Donc, c’est très important que nous
puissions être beaucoup plus agressifs en termes de communication. Certes
beaucoup savent pour le cacao, mais pour les autres spéculations, les gens ne
le savent pas. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est de plus en plus visible sur le
marché des amandes parce que la transformation a progressé. Je vous rappelle
quand même que, comme le ministre l’a dit, nous étions, il y a 3 ans en
arrière, à 44.000 tonnes de noix brutes transformées en Côte d’Ivoire.
Aujourd’hui, cette année, nous sommes à 136. 000 tonnes.
En 3 ans ?
Oui, en trois ans, on a multiplié par trois le volume
qu’on transforme en Côte d’Ivoire. Et cela va continuer parce que la pâte est
en train de prendre. Aujourd’hui, nous commençons à être très visible sur le
marché des amandes. Ainsi les gens ne sont plus animés par la volonté d’aller
au Vietnam quand ils prennent les amandes directement chez nous.
Quelles en sont les raisons
C’est d’abord parce nos amandes ont un goût meilleur.
Ensuite, le produit est plus frais lorsqu’il est pris avec nous. Le parcours en
Côte d’Ivoire fait que lorsque le produit quitte le champ, il est à l’usine et
est transformé deux mois après. Deux mois plus tard , il est ensuite renvoyé
sur les marchés. Quand il doit aller en Vietnam, le produit est stocké. Au
moment où je vous parle il y a des stocks qui ne sont pas encore partis. Ce
sont des stocks qui ont été récoltés en décembre 2020, janvier 2021, février
2021 et mars 2021. Nous ces Nous sommes en bientôt en Décembre 2021 et ces
produits prendront encore deux mois sur la mer. Après ils sont stockés dans un
magasin avant d’arriver à l’usine qui va les transformer. Tout cela peut
souvent prendre un an.
Monsieur le directeur général, parlons du coton à
présent ? Qu’est-ce qui fait que nos usines-phares, notamment l’Utexi de
Dimbokro, ancienne Gonfreville, n’arrivent pas à avoir la matière première et
les investisseurs qu’il faut pour remettre à flots ces industries afin de
permettre à nos jeunes de pouvoir travailler ?
Je pense qu’il faut cerner les problèmes. C’est
contestable de dire qu’ils n’arrivent pas à avoir du coton. Je suis bien placé
pour le dire, puisqu’ à chaque campagne nous négocions avec les usines de
grainage pour réserver une certaine quantité de fibre à nos
industries-textiles. Mais après, il faut avoir que ces usines aient l’argent
pour acheter. Le problème que nous rencontrons, c’est le fonds de roulement
pour acheter de la matière première. Quand vous êtes à l’arrêt, ou quand votre
usine ne tourne pas à plein régime, vous ne pouvez pas présenter un bilan
certifié à une banque. Comment voulez-vous que la banque vous fasse confiance
dans ces conférence ? Nous sommes en train de nous attaquer à cette difficulté
pour solutionner de façon durable cette question de manière première. Même dans
l’anacarde, nos transformateurs locaux ont cette difficulté parce qu’il faut
lever de gros fonds. Or, beaucoup n’arrivent pas, j’allais dire à travailler en
plein régime. Par conséquent, à la fin de l’année, le bilan qu’ils présentent
ne reflète pas une activité régulière normale qui permet à une banque de faire
confiance et de libérer les fonds. Suite à une séance de travail la semaine
dernière, le Premier
ministre nous a instruits ainsi que des responsables de banque, de faire des
propositions que le gouvernement va analyser en vue de s’engager pour
accompagner la transformation en ce qui concerne le coton et l’anacarde.
En matière de coton, nous avons terminé la dernière
campagne à 559 mille tonnes de coton graine . Cela représente 232 mille tonnes
de coton fibre. Ce qui nous a placés au 2e rang de pays-producteurs africains
juste après le Bénin.
Que pouvez dire pour terminer cet entretien, Monsieur
le directeur général ?
Nous sommes extrêmement heureux de pouvoir participer
à ce forum. Nous attendons des retombées extrêmement positives d’un tel voyage.
Nous avons déjà eu quelques contacts intéressants.
Nous allons poursuivre puisque nous avons un local pour les « B to
B ». Nous allons continuer à tisser les contacts et nous espérons ramener
au pays quelques accords, quelques engagements d’investissements dans la
filière coton-anacarde.
Pour terminer, permettez-moi de saluer nos
collaborateurs, et tous les autres sur place au pays. Je n’oublie pas les producteurs
de coton et d’anacarde, ainsi que tous nos partenaires.
Interview réalisée par Charles Kouassi à Dubaï