Togo – Payadowa Boukpessi : « Sur quelle base Faure Gnassingbé devrait-il partir ? »

Selon Payadowa
Boukpessi, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et
des Collectivités locales, les opposants qui invoquent la Constitution de 1992
pour rejeter une éventuelle nouvelle candidature de Faure Gnassingbé à la
présidentielle en 2020 se livrent à "un faux procès".
Jeune
Afrique : À quelques heures de marches éclatées de l’opposition, diriez-vous
que la situation est grave au Togo ?
Payadowa
Boukpessi : Le gouvernement, dans son ensemble, prend au sérieux la situation.
À partir du moment où il y a des manifestations qui perturbent certaines
activités publiques et privées, il a le devoir de prendre la mesure de la
situation, dans l’intérêt de la population.
Tandis
que certains opposants réclament un retour à la Constitution de 1992, d’autres
voix s’élèvent pour exiger le départ pur et simple du président Faure
Gnassingbé. Comment vivez-vous cette ambiance ?
Nous
nous posons des questions. Le président de la République a été élu en 2015,
face à un candidat de l’opposition soutenu par une coalition de plusieurs
partis politiques. Le scrutin, supervisé par des observateurs nationaux et
internationaux, a été jugé globalement crédible et transparent. Les élections
ont eu lieu sur la base d’une Constitution en vigueur et acceptée par
l’opposition. Et le président Faure Gnassingbé a été réélu en réalisant son
meilleur score depuis son arrivée au pouvoir en 2005. Nous disons unanimement
qu’il est important d’opérer des réformes pour mieux enraciner notre
démocratie, mais dès lors qu’au lieu du jeu démocratique des élections, des
gens commencent à dire qu’il faut que le Président parte, cela soulève des
questions. Sur quelle base un président élu pour cinq ans et dont le mandat
court jusqu’en 2020 devrait-il partir ?
Certains
opposants vous répondront qu’il devrait partir sur la base de la Constitution
de 1992 qui précise qu’ « en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux
mandats », et qui a été amendée en 2002 par l’ancien président Gnassingbé Eyadéma,
qui a supprimé cette disposition.
Je
vais les prendre au mot. Il y a une jurisprudence qui existe. En 1993, en dépit
de la Constitution qui avait été adoptée un an plus tôt, le président
Gnassingbé Eyadéma a été admis à se présenter à la présidentielle, alors qu’il
avait déjà à son compteur plus de deux mandats, et cela faisait vingt-huit ans
qu’il était au pouvoir. Il est allé aux élections en 1993 et en 1998. Il est
clair que c’est un faux procès.
Si
les opposants sont convaincus que le président de la République est vomi par le
peuple, alors il leur sera facile de le battre dans les urnes, dans trois ans
Ces
personnes veulent une Constitution qui soit dirigée contre une personne, alors
qu’une loi doit être impersonnelle et générale. Certains se disent que c’est
maintenant ou jamais, mais le Togo c’est pour l’éternité. On ne peut pas
rédiger une Constitution qui exclut, cela ne se voit plus dans le monde. Ce
n’est pas possible. Il y a un mandat en cours et la démocratie dont nous nous
proclamons tous les hérauts exige qu’un mandat présidentiel aille à son terme.
En 2020, chaque parti présentera son candidat et nul ne peut, à trois ans de
cette échéance, présager que tel sera le candidat de tel parti et donc qu’il
faille que le potentiel candidat de tel parti soit exclu dès maintenant. Cela
n’a aucun sens démocratique. Si les opposants sont convaincus que le président
de la République est vomi par le peuple, alors il leur sera facile de le battre
dans les urnes, dans trois ans. …Suite sur www.jeuneafrique.com/