Déclaration des organisations Professionnelles des médias ivoiriens par rapport aux projets de modification des lois jumelles sur les médias en Côte d’Ivoire déposés au Parlement
Le vendredi 5 mai 2017, le gouvernement a introduit
au Parlement deux projets d’amendements des lois sur la presse, l’un modifiant
la loi n°20004-643 du 14 décembre 2004 portant Régime juridique de la Presse et
l’autre, modifiant la loi n°2004-644 du 14 décembre 2004 portant Régime
juridique de la Communication audiovisuelle.
Ces projets de modification des lois jumelles sur
les médias en Côte d’Ivoire ont été déposés au Parlement au moment où, notre
pays, la Côte d’Ivoire, à l’instar des autres pays du monde, venait de célébrer
le 3 mai décrété Journée mondiale de la Liberté de la Presse par les Nations
Unies (ONU) pour permettre de dresser le bilan des libertés conquises au profit
de l’exercice de la profession et explorer des voies nouvelles pour à plus de
liberté.
En Côte d’Ivoire, les responsables de toutes les
Organisations professionnelles et de défense de la liberté des médias étaient
donc en droit de s’attendre, de la part du gouvernement, à des amendements
desdites lois jumelles dans le sens de plus de liberté. Au moins deux raisons
fondamentales militaient en faveur d’un tel espoir :
•Primo,
en ce début d’année 2017, les efforts du gouvernement ont fait gagner cinq (5)
points à notre pays dans le classement de Reporters Sans Frontière (RSF),
faisant passer la Côte d’Ivoire du 86ème au 81ème rang mondial en matière de
liberté des médias ;
•Secundo,
aux termes des travaux des Etats Généraux de la Presse en Côte d’Ivoire (EGPCI)
tenus les 30 et 31 août 2012 à Yamoussoukro, et de ceux du Séminaire consacré
aux propositions d’amendements des lois jumelles tenu le 19 décembre 2014 à
Grand Bassam, activités organisées par gouvernement lui-même, des points de
consensus, ont été dégagés pour les modifications desdites lois
Les Responsables de toutes les Organisations
professionnelles et de défense de la liberté des médias en Côte d’Ivoire ont
donc été surpris de constater que les amendements aux lois jumelles déposés sur
la table des députés par le gouvernement :
•Ne
prennent pas en compte, sur ces points de consensus, les recommandations des
EGPCI et du Séminaire de Bassam ;
•Instituent
des amendes pécuniaires susceptibles de tuer les médias en faisant disparaître
les entreprises qui les portent ;
•Sont
plutôt portés par des projets foncièrement plus liberticides, plus répressifs
et totalement aux antipodes de la modernité ;
•Remettent
du coup outrageusement en cause la dépénalisation des délits de presse acquise
au bout de plus de trente ans de lutte des acteurs des médias et de leurs
partenaires en Côte d’Ivoire, etc.
Face à de tels dangers, réunis le vendredi, 05 mai
2017, de 14 heures 30 à 17 heures, au siège du Groupement des Editeurs de
Presse de Côte d'Ivoire (GEPCI), les Responsables de toutes les Organisations
professionnelles des médias:
-S’étonnent
des intentions du gouvernement à plus de répression et de restriction de la
liberté des médias, contrairement aux dispositions progressistes portées par
les lois jumelles de décembre 2014 ;
-Marquent
leur ferme opposition à l’adoption en l’état de ces projets de lois présentés
par le gouvernement ;
-Invitent
le Bureau de l’Assemblée nationale à surseoir momentanément au vote en plénière
de ces projets de lois malheureusement déjà adoptés en commission ;
-Invite
le gouvernement à rouvrir les discussions avec les acteurs des médias aux fins
d’élaborer des projets de lois plus consensuels et plus respectueux des
libertés publiques, professionnelles et individuelles garanties par la
Constitution de la République de Côte d’Ivoire.
Fait à Abidjan, le 08 mai 2017
Pour les Organisations professionnelles
GEPCI UNJCI FORDPCI
OJPCI URPCI CNDPCI
UPL-CI SYNAPPCI SARPCI
OLPED UNICI ISMCI
O NJI-CI
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