Côte d'ivoire: L’issue du référendum connue mardi, le "Oui" largement en tête des résultats partiels
L’issue du référendum sur la nouvelle Constitution ne faisant aucun
doute avec le boycottage de l’opposition, les Ivoiriens attendaient surtout
lundi de connaitre le taux de participation au scrutin dont le résultat final
devrait être annoncé dans la nuit.
La Commission électorale indépendante a commencé à annoncer les
premiers résultats concernant la diaspora en début de soirée avec un résultat
final prévu dans la nuit de lundi à mardi, ou bien mardi, selon un source au
sein de la CEI.
Dans un communiqué officiel, la commission rappelle qu’elle est
"la seule entité habilitée à proclamer les résultats provisoires du
scrutin" où 6,3 millions d’Ivoiriens étaient appelés à voter.
Les deux coalitions de l’opposition ivoirienne n’ont, elles, pas
attendu, donnant dès dimanche soir leurs estimations respectives.
Pour l’Alliance des forces démocratiques de Côte d’Ivoire (AFD-CI):
"le taux de participation est entre 6 et 7%".
Pour Pascal Affi Nguessan, le président du Front populaire ivoirien
(FPI) fondé par l’ancien président Laurent Gbagbo, principal composante de
l’AFP-CI, "il s’agit d’un succès éclatant du mot d’ordre de boycott que
nous avons lancé. Il appartient au président (Alassane) Ouattara de tirer les
conséquences (...) Soit il retire le texte, soit il démissionne".
De son côté, la coalition Front pour le refus-Coalition du non, qui
avait aussi appelé au boycottage, estime que "le taux de participation
oscille entre 3 et 5%".
- ’Le oui l’a emporté’ -
"Ces chiffres sortis tout droit de l’imaginaire de ces opposants
à la nouvelle Constitution ont pour but clair de porter un discrédit sur la
volonté démocratique exprimée par le peuple de Côte d’Ivoire", estime
quant à lui Joël N’Guessan, le porte parole du Rassemblement des républicains
(RDR), le parti du président Ouattara.
"Le +oui+ l’a emporté, c’est cela l’essentiel. La participation
du peuple de Côte d’Ivoire à ce referendum est à saluer", ajoute-t-il
rappelant la faible participation (30 %) en France lors du référendum sur la
durée du mandat présidentiel de 2000.
Il n’y avait pas une grande affluence dans les bureaux de vote, ont
constaté des journalistes de l’AFP. Selon des relevés faits au hasard par ’AFP,
le taux de participation tournait entre de 20% à 45% dans divers points
d’Abidjan ou entre 40% et 50% à Bouaké (centre-Nord)
"J’attends avec impatience le résultat. Le fait que le +oui+
l’emporte, on le sait mais il faut qu’il y ait un fort taux de participation",
estimait Adama Sangaré, informaticien de Bouaké (ancienne capitale de la
rébellion) qui a voté en faveur du projet.
"Les résultats ? Nous on attend plus rien. On sait déjà ce qu’ils
vont donner", affirme, quant à elle, Geneviève Bahiri, une habitante de
Cocody, qui n’est pas allée voter mais se dit "contre cette loi".
Lundi, la Plateforme des organisations de la société civile pour
l’observation des élections en Côte d’Ivoire (POECI) a estimé que
"l’élection s’est globalement bien déroulée en dépit de quelques incidents
signalés par les observateurs".
Des groupes de jeunes ont toutefois perturbé le processus de vote,
saccagé ou emporté du matériel électoral dans plusieurs villes du pays.
Le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, avait parlé dimanche
d’incidents dans une "centaine de bureaux de votes" sur un total de
quelque 20.000.
Selon le pouvoir, la nouvelle Constitution évacue notamment le concept
d’"ivoirité" en clarifiant les conditions d’éligibilité du président.
Ses détracteurs avaient reproché à M. Ouattara son origine burkinabè et
contesté son éligibilité (il n’avait pu se présenter que grâce à un décret).
Ce concept d’"ivoirité", qui visait les étrangers, notamment
ceux originaires du Burkina Faso voisin, a miné la stabilité du pays pendant
plus de dix ans.
Le projet prévoit aussi la création d’un poste de vice-président qui
alimente tous les fantasmes. En outre, ce texte crée un Sénat,
institutionnalise la Chambre des rois et chefs traditionnels et étend le
domaine de compétence du Conseil économique et social à l’environnement.
L’opposition avait appelé au boycottage, reprochant au pouvoir de ne
pas avoir consulté ni l’opposition ni la société civile, ainsi que de vouloir
faire passer le projet "à la sauvette" avec une campagne de sept
jours et une diffusion faible d’un texte qu’elle qualifie de "monarchique
et rétrograde".
[…]