Université Felix Houphouet-Boigny : Vers un essoufflement de la CNEC ? La CODEC voit le jour
Le paysage syndical universitaire est en train de se transformer. Le 20 décembre 2018, les enseignants-chercheurs et chercheurs de l’Ufhb, ont vu, placardée un peu partout sur les tableaux d’affichage de l’espace de l’Université de Cocody une déclaration émanant d’une nouvelle formation, le Collectif des Enseignants-chercheurs et chercheurs de l’Ufhb (CODEC).
Retour
sur les raisons de la création d’une nouvelle formation syndicale
Ce n’est un secret pour personne ; les
syndicats naissent pour défendre les intérêts de travailleurs :
amélioration des conditions salariales et de travail. On se rappelle encore que
dans les années 80, un syndicat a réussi à faire parler de lui au temps du
président Félix Houphouët-Boigny : c’est le Synares (le Syndicat national
de la recherche et de l’enseignement supérieur). Pour ceux qui se rappellent
cette époque, il y a forcément un nom qui retient l’attention ; celui du Professeur
Marcel ETTE.
Si le Synares a réussi à faire parler de lui, c’est
bien parce que dans les années 80, sa détermination et ses actions sur le
terrain au temps du Père fondateur ont permis d’avoir quelques acquis. Le
Synares continuera sa lutte jusqu’à la fin des années 90- 2000. Et avec le
multipartisme et le changement de pouvoir, on lui reprochera sa trop grande
accointance avec le régime d’alors, celui du Président Laurent GBAGBO.
Comme dans toutes les luttes syndicales, les
enseignants-chercheurs et les chercheurs ne se reconnaissant plus trop dans ce
syndicat, vont créer un nouveau syndicat : la Coordination Nationale des
Enseignants et Chercheurs (CNEC). La CNEC sera dirigée par un bureau dont le porte-parole
(PP) Flavien TRAORE se fera tout de suite connaître de l’ensemble de la
communauté. Le moins qu’on puisse dire, c’est que, comme le Synares, la CNEC à
ses débuts va se positionner comme un mouvement radical et très engagé. Un
engagement qui sera d’ailleurs très apprécié de l’ensemble des enseignants
puisque ses mots d’ordre étaient largement suivis par ses syndiqués et par
toute la communauté. Malgré quelques soubresauts, la coordination va réussir à
arracher au gouvernement GBAGBO de nombreux acquis.
Flavien TRAORE quitte le porte-parolat de la CNEC et passe le relais.
Dans la suite logique de la réputation qu’elle s’est taillée, la CNEC, version
Johnson ZAMINA (nouveau porte-parole) va
jouer, à ses débuts, la carte de la radicalisation et de l’engagement. Jusqu’à
ce que certaines prises de position et certaines querelles intestines
détournent le collectif de certains de ses objectifs.
Il ne sera peut-être pas nécessaire de rappeler
toutes ses choses. Une seule peut suffire à comprendre pourquoi un nouveau
collectif pointe le nez, la goute qui a peu être fait débordé le vase.
Au cours de l’année 2018, une grève avait été lancée
par la CNEC-Cocody avec pour motif le
non-paiement des heures complémentaires de l’année universitaire 2016-2017.
Pour mettre un terme à la paralysie, la direction de l’université, la
conférence des Doyens et les trois syndicats de l’enseignement supérieur (Cnec,
Synares et Unesur), dans le cadre d’une commission tripartite, sont arrivés à
un accord pour le paiement des heures dues. Chaque partie a apposé sa signature
sur le document. Sur la base de l’accord trouvé et en faisant confiance à
toutes les parties, la Cnec décide de suspendre, après une AG, son mot d’ordre
de grève. Les activités académiques reprennent donc.
Seulement voilà, alors que les parties s’étaient
accordées sur un délai de paiement, la direction de l’Université ne s’exécutera
pas. Pire, le Président de l’université FHB marquera son refus de payer au
motif qu’il ne reconnait pas la signature de son Vice-président (celui qui le
représentait dans la commission mise en place pour piloter les négociations).
Pour les enseignants, il n’y avait plus à passer par quatre chemins. Conformément
à ce qui avait été arrêté à la dernière AG qui a pris la décision de suspendre
la grève, celle-ci devait être reconduite immédiatement. La CNEC ne reconduira
pas la grève. Interrogés sur cette attitude, pour le moins surprenante, les
responsables avanceront des arguments (rencontre prévue avec le Ministre de
Tutelle, sanctions internes de certains membres….) qui ne convaincront pas les
collègues enseignants. On entendra plus tard beaucoup de choses (corruption de
certains dirigeants de la Cnec…) qui restent tout de même à vérifier. En tout
état de cause, le Ministre ne les rencontrera pas et le président de l’Ufhb ne
paiera pas.
Un
nouveau collectif, pour quelles revendications ?
Le Collectif des enseignants-chercheurs et
chercheurs de l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody Abidjan exige à
leur tutelle le paiement intégral des heures complémentaires. Faute de quoi,
aucune activité académique ne va être engagée.
Mais
ses revendications vont bien au-delà ; dans une déclaration du 20 décembre
2018 placardée sur tous les tableaux d’affichage, le CODEC exige le paiement
intégral des heures complémentaires au titre des années académiques 2015-2016
et 2016-2017. Pour lui, il ya bel et bien des arriérés à payer aux enseignants.
Le
Collectif souligne à travers la déclaration que depuis plus de deux ans, les
enseignants de l’Ufhb font l’objet de mépris du fait de la politique
managériale de la direction. « Ce mépris a connu son paroxysme, avec
l’appel public du président de l’université au lynchage des
enseignants-chercheurs et chercheurs par les étudiants dans l’indifférence
générale de la communauté nationale et internationale », a fait savoir
le Collectif.
Dans
cette même déclaration, le collectif affirme que l’équipe dirigeante « use
de tous les moyens pour arracher aux enseignants les acquis relatifs à leur
statut ».
Le collectif regrette, à ce jour, que la direction de
l’Université, décide d’organiser à Yamoussoukro un séminaire pour la révision
des maquettes pédagogiques. En fait de révision, il s’est agit de réduire les
volumes horaires des enseignements, tout simplement. Alors même que les
maquettes actuellement en cours ont été validés par le MENRS après un séminaire
à Bingerville qui a vu la participation de toutes les Universités ivoiriennes
et des experts internationaux.
Le Codec trouve, de même, qu’il est dégradant et
inadmissible qu’un enseignant de rang magistral (Maître de Conférences ou
Professeur) perçoive 15 000 frs comme prime d’encadrement quand il fait
soutenir un étudiant de master.
Il est clair pour le collectif, que la qualité des
enseignements reste le dernier des soucis des responsables de l’Université Fhb.
Pire selon le collectif, après 6 années d’application
du LMD, l’Ufhb, qui est toute de même la plus ancienne des universités
ivoiriennes, ne figure pas au classement des 200 universités africaines. Alors
même que les enseignants de l’Ufhb sont parmi les meilleurs promus au CAMES. Un
scandale !
Enfin le collectif
affirme qu’il ya un véritable problème de gouvernance et de management. Il
s’interroge sur le bien fondé de nommer des Présidents à la tête des
Universités. Il serait temps de revenir à une forme de gouvernance plus démocratique.
Pour le CODEC, Une telle situation ne peut perdurer.
Il est temps de continuer le combat pour la dignité des enseignants du
supérieur.
On le voit, et comme dit cet auteur africain,
« l’âge d’or n’est pas pour demain ».
Un collectif d’enseignants