Crise filière café-cacao : les producteurs chargent le conseil cafe-cacao (l’organe régulateur) et portent plainte
Comme l’adage le dit, la terre nourrit son homme. Mais lorsqu’on n’arrive
pas à bénéficier des fruits de la terre, cela pose de véritables problèmes, de
véritables difficultés. Ces problèmes, voire ces difficultés, les producteurs
de la filière Cacao les connaissent depuis le mois de novembre 2016. Et cela
perdure. C’est ce qui explique la conférence de presse organisée, le mercredi
dernier, à la Maison de la presse d’Abidjan-Plateau (MPA), par les producteurs
de la filière Cacao réunis au sein du Syndicat national agricole pour le
progrès en Côte d’Ivoire (Synap-ci). Animée par le collectif des Avocats dont à
leur tête Me Diarrassouba Mamadou Lamine, la conférence a eu pour objectif de
savoir les destinations et utilisations des prélèvements parafiscaux sur le
prix de vente à l’exportation du Cacao. Pour ainsi dire, selon l’Avocat, les
planteurs veulent mener une action devant les tribunaux afin de procéder à des
audits. Ces audits sont de plusieurs ordres. Il s’agit d’un audit sur le budget
du Conseil Café-cacao ; un audit sur la contribution aux budgets des organismes
internationaux ; un audit sur la subvention de la chambre d’agriculture ; un
audit sur la subvention Firca ; un audit sur le contrôle qualité ; un audit sur
la redevance sacherie brousse ; un audit sur le fonds d’investissement agricole
et un audit sur le fonds d’investissement en milieu rural. Ce dernier audit
parce que les derniers rapports datent de 2012-2013, a-t-il indiqué. Et de
préciser, ‘’ alors que ce sont des recommandations des organisations
internationales, des bailleurs de fonds qui interviennent dans la filière,
notamment la Banque mondiale ‘’.
Par la voix de leur Avocat, ils souhaitent en effet que ces différents
audits soient réalisés, car selon lui, depuis que le premier a été scandaleux,
aucun autre n’a été réalisé.
Par la suite, Me Mamadou Diarrassouba a fait remarquer que la Côte
d’Ivoire dispose de deux (2) fonds de stabilisation : le fonds de réserve
technique, approvisionné par le Gouvernement pour garantir la viabilité du
système des ventes anticipées à la moyenne, estimé à 170 milliards de francs
cfa en décembre 2016. Et le second, auprès de la Banque centrale des Etats de l’Afrique
de l’Ouest (Bceao) d’un montant de 70 milliards de francs cfa toujours en
décembre 2016. Ces chiffres, a-t-il souligné, sont du Gouvernement. La raison
unique de constitution du fonds de réserve est de le faire intervenir dans la
circonstance d’une baisse du prix du Café-cacao bouleversant l’économie des
producteurs. Il n’échappe à personne que c’est le cas en espèce. L’inaction et
le silence de l’organe de régulation du Café-cacao heurte au-delà même des
cacaoculteurs l’écrasante majorité des Ivoiriens vivant et dépendant de la
filière café-cacao. Les mesures jusque-là annoncées par la Direction générale
du Conseil du café-cacao sont malheureusement des dispositions d’ordre
conservatoire ou d’administration alors que sont légitimement attendues des
mesures de soutien concret aux acteurs agricoles enlisés dans cette crise.
C’est pourquoi, une question majeure reste posée. Où sont passés les fonds de
réserve ?
Me Diarrasouba a même eu à dénoncer des chèques en bois que des
exportateurs agréés ont remis à des producteurs.
« Aujourd’hui, il y a des planteurs qui ont leurs chèques à la banque, la
banque même les appelle pour leur dire : ‘’ venez prendre vos chèques parce
qu’il n’y a pas d’argent’’. Conséquence, leurs comptes ne sont pas
approvisionnés. Pensez-vous qu’à ce stade, on peut admettre ce genre
d’injustice ? » S’est-il interrogé. ‘’ Dans ces circonstances, le Synap-ci est
contraint de suivre la voie judiciaire en vue de faire valoir ses droits et
intérêts ainsi que ceux de ses membres’’, a-t-il annoncé. Puis d’ajouter : ‘’
une assignation visant le Conseil café-cacao et les exportateurs agréés devant
les juridictions sera servie dès le vendredi prochain.
Pour rappel, le Syndicat national agricole pour le progrès en Côte
d’Ivoire (Synap-ci est dirigé par monsieur Koné Moussa. Les membres du Synap-ci
sont des producteurs et planteurs de la filière café-cacao sur toute l’étendue
du territoire national.
David KOUAME (davidkouame78@yahoo.fr)